Un Guernica en haute définition
Que peut on dire du conflit entre entre Gaza et Israël au bout d’un mois de guerre ? Les assassinats de civils israéliens et les massacres de civils gazaouis qui ont suivi ont ramené dans l’actualité chaude la question israélo-palestinienne. Retour sur les événements en cours et ce qu’ils entraînent, là-bas et ici.
Ce que dit “Déluge d’Al Aqsa” de la Palestine
Un attentat mené par de multiples acteurs
Contrairement à ce que vous avez lu, vu et entendu, l’attaque du 7 octobre n’est pas le seul fait du Hamas. Les différentes boucles Telegram et comptes X (ex-Twitter) de militants palestiniens montrent des images de combattants et les logotypes d’une dizaine d’organisations sont présents sur les communiqués. Le Secours Rouge a d’ailleurs traduit un appel du FPLP invitant ses partisans à rejoindre “Déluge d’Al Aqsa” : “Chacun, depuis sa position respective et avec les moyens qu’il possède”. Ces éléments bousculent d’un revers de main le narratif très propagé en Occident selon lequel il s’agirait d’un épisode de guerre ethnico-religieuse menée uniquement par un parti théocrate.
Position saoudienne
La décision de mener une opération le 7 octobre s’explique par le contexte régional. Le
désinvestissement des États-Unis au Proche Orient au profit d’un jeu d’influence dans le
Pacifique change la donne : la logique de confrontation des blocs qui a traversé la guerre froide, menant à des oppositions entre Chiites et Sunnites et l’absence de reconnaissance arabe d’Israël est devenue obsolète. Tel-Aviv engage une normalisation via la signature de traités : en 2020 les accords d’Abraham ont permis à l’État hébreux de renouer des relations diplomatiques avec des pays qui lui étaient hostiles. D’abord avec le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis, puis avec le Maroc et le Soudan. Israël a ensuite tenté de tisser des liens avec l’Arabie saoudite, alors que la pétro-monarchie saoudienne se retrouve tiraillée entre plusieurs jeux d’alliance. Riyad souhaite à la fois garder de bons rapports avec ses alliés historiques en Occident et en même temps, Mohammed Ben Salmane souhaite engager un rapprochement avec les pays émergents, dont l’Iran qui est un partenaire majeur. Les deux pays font partie des nouveaux membres de
l’alliance des BRICS+.
Avec le retour à une haute intensité du conflit, le Hamas a voulu obliger le royaume
saoudien à se positionner à l’encontre d’Israël, alors que celui-ci se dirigeait vers une
normalisation diplomatique. Les deux pays devaient coopérer sur des questions de sécurité et sur la création d’un programme nucléaire civil. L’attentat du 7 octobre a remis sur le devant de la scène la question palestinienne. Dans un premier temps, l’Arabie Saoudite a annoncé suspendre tout accord de normalisation avec Israël, avant de se raviser et de préciser que la normalisation était “toujours sur la table”.
Guernica en prime time
Le bilan de 1400 morts a marqué les esprits en Occident : c’est le nombre le plus élevé de
morts Juifs depuis la création de l’État hébreux en 1948. Pour autant, qualifier la réponse d’Israël de disproportionnée, aveugle et en contradiction totale avec le droit international qui doit rester notre boussole dans ce conflit relève de l’évidence.
Sur la Palestine historique, le conflit s’articule autour de 4 zones : la frontière avec le Sud-Liban (au Nord), le détroit d’Aqaba (au Sud), la Cisjordanie (à l’Est) et Gaza (à l’Ouest).
Au Nord & au Sud
La frontière Israël-Sud Liban a été, dès le 8 octobre, le théâtre d’accrochages entre les
combattants du Hezbollah et Tsahal. Des villes israéliennes au Nord ont rapidement été
évacuées et la frontière israélo-libanaise est un point chaud, où fusent les roquettes et les missiles des différentes armées.
Légende : carte des échanges de missiles à la frontière Sud Liban – Israël, en rouge les bombardements du Hezbollah, en bleu les bombardements israéliens.
Source : https://israelpalestine.liveuamap.com/
Le détroit d’Aqaba, qui fait office d’ouverture sur la mer rouge dans le Sud, est le théâtre de conflits entre l’armée israélienne et l’artillerie Houthis. Dès l’initiation du conflit, les rebelles yéménites soutenus par l’Iran ont utilisé des drones et des missiles pour attaquer les positions militaires israéliennes et harceler la flotte américaine présente en Mer Rouge. La stratégie Houthis d’ouvrir les hostilités au Sud oblige les Israéliens à multiplier les fronts et diminue d’autant leur puissance de feu.
À l’Est
Pour les civils de Cisjordanie, la situation s’est rapidement tendue. Un blocus empêche les
Palestiniens de sortir de Cisjordanie et les déplacements entre les villes est rendu très difficile : l’armée israélienne bloque les axes de communication avec des checkpoints et des rochers entre les différentes zones à l’intérieur de la Cisjordanie. Les yeux occidentaux étant rivés sur la violence spectaculaire à Gaza, les colons en Cisjordanie en ont profité pour continuer la répression à l’égard des populations civiles palestiniennes : à At-Tuwani, ils ont tiré sur les bédouins, les ont empêchés d’accéder à leurs terres et ont détruit leurs récoltes.
Les actions du 7 octobre ont immédiatement ravivé la société civile cisjordanienne qui a
manifesté, tout à la fois pour afficher un soutien à la résistance palestinienne et pour exprimer son mécontentement face à l’inaction de Mahmoud Abbas. La seule réponse a consisté en des tirs dans la foule et des morts, aggravant toujours plus la crise de légitimité pesant sur l’Autorité palestinienne.
Concernant la jeunesse, les membres des différents collectifs se sont mobilisés face à la situation en cours. Les jeunes diplômés dont nous parlions précédemment se sont mis à documenter assidûment les manquements aux droits humains que subissent les Palestiniens à Gaza ou en Cisjordanie. Les éléments les plus radicaux ont eu un regain d’activité. Certaines sources rapportent des échanges de tirs entre la Fosse aux lions et l’armée israélienne aux abords du camp de Balata à Naplouse.
À l’Ouest
Gaza vit un Guernica en 4k, 60 images par seconde.
Les horreurs se multiplient et saturent les écrans des smartphones et des télévisions. On pourrait énumérer les crimes à l’encontre du droit international les uns après les autres, allant de l’usage du phosphore blanc (arme interdite sur des zones peuplées de civils), au bombardement indiscriminés, en passant par les punitions collectives, les déplacements forcés de plus d’un million de personnes (comportant des mutilés, des femmes enceintes ou des vieillards) et s’arrêter sur le blocus total empêchant l’approvisionnement en eau, en nourriture et en électricité qui a touché Gaza aux premiers moments de la riposte de Tsahal. Deux chiffres peuvent focaliser notre attention : 6 000 et 10 000.
Au-delà de tout ce qui a été dit précédemment, la puissance de feu déchaînée par Israël sur une bande de terre à peine plus grande que Marseille est colossale. L’armée israélienne affirme avoir largué 6 000 bombes sur Gaza en moins d’une semaine. Il s’agit, selon les conseillers de l’ONU, de l’équivalent annuel d’un bombardement des États-Unis sur l’Afghanistan.
Concernant le nombre de morts, personne n’est là pour tenir des scores sordides, qui
seront probablement obsolètes à l’heure où vous lisez ces lignes, mais selon les déclarations officielles Gazaouies, 10 022 palestiniens dont plus de 3760 enfants sont morts lors des bombardements.
10 022 c’est plus que le nombre de Palestiniens morts depuis 2008 (date à laquelle le Hamas prend de facto le pouvoir sur la bande de Gaza et qui regroupe l’essentiel des victimes palestiniennes du conflit Hamas-Fatah et de l’opération Plomb durci).
On ne se rend pas forcément compte de ce que signifie ce chiffre, mais en 560 jours de
guerre entre Moscou et Kiev, il y a eu 9 614 morts civils, soit à peine un mois en Palestine.
À la suite de la première phase de la riposte, Israël a lancé une opération terrestre dans le
Nord de la bande de Gaza. Au vu des dernières informations fiables, il semblerait qu’il y ait principalement deux fronts : la route numéro 10 et le quartier de Beit Hanoun.
Légende : la première carte représente Tsahal sur toute la bande de Gaza, la 2ème Tsahal dans le nord de Gaza, les zones en bleu sont celles où sont présentes les troupes israéliennes au sol.
Source : https://israelpalestine.liveuamap.com/
Israël aurait réussi à traverser la bande de Gaza dans son ensemble pour isoler le tiers Nord de l’enclave et concentrerait aujourd’hui son action contre le camp de réfugiés de Jabalya où se situeraient des infrastructures stratégiques du Hamas. Le conditionnel est de rigueur puisque chacun des camps alimente la guerre de l’information avec son propre narratif.
Un autre front, la guerre de l’information
La destruction de l’Hopital Al-Ahli, a été l’un des éléments clés de l’embrasement de
l’opinion dans le monde musulman. Elle reste un point à élucider pour dépassionner le débat et ramener de la justice. Aucune piste n’est à écarter pour le moment.
Les déclarations des parties prenantes ne sont pas fiables et aucune investigation indépendante n’est à l’ordre du jour. Ne restent aujourd’hui que les groupes d’Open Source Intelligence (OSINT) pour enquêter.
Le collectif OSINT Defender a d’abord penché pour une erreur lors d’un tir de roquette du Djihad Islamique Palestinien car aucune trace d’avion ou de drone n’était visible dans le ciel au moment de l’explosion à Al-Ahli. Ils se sont également appuyés sur le fait que le cratère laissé par l’explosion était trop petit pour avoir été la conséquence d’un bombardement aérien. L’enquête du groupe Forensic architecture apporte quant à elle des éléments contredisant la version israélienne : les analyses sonores de la scène, ainsi que l’analyse du cratère, montrent que l’explosion n’est pas venue de l’Ouest vers le Sud, mais plutôt du Nord-Est vers le Sud-Ouest.
Mouvements d’Orient
Jordanie et Égypte
La Jordanie a un lien très fort avec la Palestine : la princesse Rania est d’origine palestinienne, la Jordanie et la Palestine ont été toutes deux sous domination britannique et il y a près de 340 000 réfugiés palestiniens dans les camps jordaniens. Le royaume était donc très tendu lorsque les bombardements ont démarré sur Gaza. Depuis le début de la guerre, des rassemblements se forment spontanément et la destruction de l’hôpital Al-Ahli a accru cette tendance. Les tensions dans les rues ainsi que certains accrochages diplomatiques ont entraîné l’annulation de la rencontre entre Joe Biden et Abdallah II. Cette réunion devait préparer un sommet de crise entre le président américain, le roi jordanien, le président égyptien et celui de l’Autorité palestinienne.
Trois lignes rouges majeures ont empêché ce sommet d’avoir lieu.
D’abord, la Jordanie voulait que la réunion se conclue sur un cessez-le-feu. Ensuite, le royaume refuse de croire la version israélienne selon laquelle l’hôpital a été détruit à la suite d’un tir de roquette du Djihad Islamique Palestinien. Enfin, l’Etat Jordanien refuse d’accueillir des réfugiés gazaouis sur son territoire si cela entraîne une deuxième Nakba (exode forcé des Palestiniens).
Et l’invasion israélienne à Gaza pourrait aboutir là-dessus : Wikileaks a dévoilé un document de dix pages rédigé par le ministère du renseignement israélien, recommandant à Netanyahu de déplacer les Gazaouis vers le désert du Sinaï avec une zone tampon entre l’Egypte et Israël. Il ne s’agit pas du but de guerre d’Israël pour le moment, mais ce document n’a pas été écarté par Netanyahu. Cette option déplacerait les combats entre la résistance palestinienne et Tsahal en Egypte, ce que refuse Abdel Fattah Al-Sissi. C’est pourquoi l’Egypte, seul point de contact extérieur avec la bande de Gaza (hors Israël), s’est refusée à ouvrir le checkpoint de Rafah avant le 1er novembre.
De nombreux départs de civils vers le Sinaï ont lieu depuis son ouverture, mais ce checkpoint a subi de lourds bombardements de la part de l’armée israélienne.
Liban
De nombreuses manifestations de soutien au peuple palestinien ont germé à Beyrouth et
dans les alentours. Les blessures de la guerre de 2006 restent encore vives dans les
mémoires et les camps de réfugiés, qui accueillent 200 000 Palestiniens, rappellent
quotidiennement à la société libanaise les conséquences de la colonisation israélienne.
Dans le Sud-Liban, le conflit entre Tsahal et le Hezbollah a repris en intensité et Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a prononcé un discours dans lequel il réitère son soutien à la résistance palestinienne et met en garde Israël contre une invasion du Liban. Il n’a pas annoncé d’opération sur le sol israélien. Les combats devraient pour le moment se réduire à des échanges d’artillerie.
Turquie
La Turquie a une place à part dans la mosaïque proche-orientale. C’est à la fois un pays en partie européen, la deuxième armée de l’Otan et le cœur de l’empire ottoman. Il y avait une présence turque en Palestine, jusqu’à ce que le territoire devienne un mandat britannique en 1917. La parole d’Erdogan était donc très attendue.
Le président turc, au pouvoir depuis 20 ans, a pris position en prononçant un discours fort
en soutien aux Palestiniens et en faisant usage de paraboles sur le potentiel retour de
croisades “entre la croix et le croissant”. En réalité il s’agit surtout d’une opération de
communication. La Turquie est un membre de l’OTAN et un candidat à l’UE, des organisations qui considèrent le Hamas et le FPLP comme des groupes terroristes. Israël et la Turquie sont des piliers du projet d’alliance militaire moyen-orientale que les États-Unis ont voulu mettre en place. Tel-Aviv et Ankara ont des intérêts similaires concernant certains dossiers régionaux : les deux sont par exemple en opposition forte avec la Syrie de Bachar Al Assad. Israël parce qu’Assad est un partenaire de l’Iran, qui envoie de l’artillerie en Syrie pour bombarder le territoire hébreux. La Turquie, car elle soutient des factions rebelles qui sont en confrontation avec Damas. Et au-delà de la politique internationale, l’économie parle d’elle-même : la Turquie est le 4e partenaire économique d’Israël. La stabilité des uns fait le profit des autres. Au-delà des gesticulations, Erdogan ne fera donc rien.
Mouvements d’Occident
États-Unis
En Occident, le retour d’une haute intensité dans le conflit israélo-palestinien a produit plusieurs effets. Tout d’abord, le soutien quasi-unanime des pays d’Amérique du
Nord et d’Europe envers le droit à une riposte israélienne. L’Occident a réagi comme si la
guerre d’indépendance avait commencé le samedi 7 octobre et qu’il n’y avait aucune antériorité. Ensuite, il y a eu de manière éparse quelques condamnations morales envers les répercussions sur les civils gazaouis, mais aucun appel à des sanctions internationales.
Au contraire, les États-Unis en ont profité pour relancer le complexe militaro-industriel et Joe Biden a demandé au Congrès une aide de 14 milliards de dollars pour financer la défense militaire israélienne. L’Etat hébreux est un avant-poste militaire stratégique pour les États-Unis au Proche-Orient, ils le défendent donc coûte que coûte. Aussi bien à l’ONU en usant du droit de véto, qu’en Méditerranée en déployant la flotte de l’Otan. En effet, c’est un renfort d’une vingtaine de bateaux composant la flotte de l’USS Gerald Ford (plus gros bâtiment de guerre du monde) et de l’USS Dwight Eisenhower qui se dirigent désormais vers la bande de Gaza.
Légende : carte des différentes flottes de l’OTAN présente (ou en déplacement vers) en méditerranée orientale.
Union Européenne
L’Union Européenne n’a pas de politique cohérente concernant la question palestinienne. Par suivisme, elle a un temps voulu suspendre toute aide au développement vers la Palestine, y compris à destination de la Cisjordanie, territoire contrôlé par l’Autorité palestinienne et qui n’a pas de lien avec le Hamas. L’Union Européenne n’a pas non plus de politique commune avec l’ONU : concernant le cessez-le-feu, l’Europe de l’Ouest a majoritairement voté pour, là où l’Europe centrale et l’Europe de l’Est se sont abstenues ou ont voté contre.
Ce que dit “Déluge d’Al Aqsa” de la France
À l’intérieur de la société française, le conflit israélo-palestinien a été l’occasion de créer une nouvelle ligne de fracture pour l’exécutif. Si le gouvernement et le champ médiatique ont, après coup, condamné les morts à Gaza, ils ont d’abord largement pris parti pour Israël.
Gouvernement et majorité présidentielle
Le gouvernement ainsi que la majorité parlementaire ont pris la parole pour rappeler leur
soutien inconditionnel à Israël, validant symboliquement tout ce que “le droit à se défendre” d’Israël pouvait entraîner en termes de morts civils et de destruction. Macron a appelé à l’extension des prérogatives de la coalition internationale. Il voulait que l’alliance qui s’est créée autour de la lutte contre l’État Islamique puisse participer à une attaque contre le Hamas. Il s’est ensuite fait rattraper par le Quai d’Orsay et le réseau diplomatique, qui sont revenus sur cette décision, la jugeant inaudible par les interlocuteurs palestiniens et hautement inflammable dans le monde arabe.
“Hamas is ISIS”
Le narratif selon lequel Daesh et le Hamas étaient la même chose a été abondamment
diffusé sur les chaines de grande écoute et sur des plateformes comme YouTube ou X, au
détriment de toute nuance et précision :
Daesh est le résultat du fractionnement de la rébellion syrienne et de la répression des
sunnites en Irak. Le but de l’État islamique est la constitution d’un califat mondial sur la base d’un conflit permanent et d’annexions de territoires. Le Hamas est une organisation liée aux Frères musulmans qui a pour but la création d’un Etat palestinien avec une orientation islamique. Daesh et le Hamas n’ont ni le même parcours, ni les mêmes objectifs. Mais le déficit de nuance était nécessaire à certains pour inscrire dans les esprits que le Hamas est une organisation terroriste (et donc qu’on ne peut pas négocier avec).
Le terrorisme est une notion qui n’a pas d’unanimité au regard du droit international. Au mieux, elle peut servir à qualifier des actes de violence politique à visée de terreur, ce qu’ont pratiqué la plupart des armées du monde : les Russes à Boutcha, les Américains à Abu Ghraib, l’ANC avec ses voitures piégées, l’armée française avec la Bleuite et Israël avec ses bombardements indiscriminés. Mais si tout le monde est terroriste alors personne ne l’est.
Dans la plupart des cas, cette notion sert à disqualifier son adversaire, elle empêche tout dialogue et prépare un discours militariste. C’est pour se préparer à cette perspective qu’une partie du camp progressiste s’est refusée à user du mot “terroriste”. La France Insoumise, principale incarnation parlementaire de cette position, s’est retrouvée sous les feux de nombre de critiques dans le champ médiatique.
Des impacts concrets dans la société française
Le pouvoir néolibéral en France fait face à une crise de légitimité profonde. La réactivation de la logique antiterroriste renforce les discours d’unité nationale face à l’ennemi extérieur. La tension qu’implique la logique antiterroriste permet également le déploiement de mesures de contrôle et de surveillance.
Le discours autour de la question palestinienne a permis aux néolibéraux d’accentuer des
fractures au sein de la Nupes et de se servir du PS et du PCF pour isoler la FI. En faisant
de la France Insoumise une apologiste du terrorisme, une partie de la droite veut amorcer un nouveau cycle politique, déjà entamé lors des dernières élections législatives, où “l’arc
républicain” se ferait au détriment de la gauche et au profit de l’extrême droite. La crise
s’enfonce et le capitalisme cherche par tous les moyens, y compris par le prétexte de questions internationales, la marginalisation des solutions progressistes.
La catastrophe en cours est une faillite humaine qui produit aussi des effets ici. A ce titre, elle doit intéresser le plus grand nombre, y compris ceux qui se pensent éloignés.