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À propos du 9 juin. Des jours d’avant et des jours d’après
Une tribune d'Olivier Mateu
Par Collectif Publié in #ALLIES le 5 juin 2024 6 min de lecture
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À propos du 9 juin. Des jours d’avant et des jours d’après

Nous ouvrons nos colonnes pour la première fois à une tribune venue de l’extérieur, cela se reproduira ! Bien évidemment nous avons des désaccord possibles avec ces dernières, néanmoins si nous les publions c’est que nous reconnaissons une camaraderie avec les auteurs. Nous partageons la volonté de mettre en œuvre un progressisme concret dépourvu de toute forme d’exploitation.

L’atmosphère dans laquelle se déroulent les élections européennes qui auront lieu ce dimanche 9 juin s’inscrit dans la continuité stratégique gouvernementale post retraite. Minoritaire et incapable de faire face à la crise du capitalisme français, le gouvernement a mis le feu à la plaine. Depuis, il souffle sur les braises.

Notre pyromane national exporte l’incendie partout où cela est possible : Kanaky, Palestine, Ukraine, Russie… Il en profite au passage pour vendre des caisses d’armes. Les portefaix ne sont pas en reste. Pendant que l’on autorise au Massacreur à parler en long format sur LCI, l’écrivassier de l’Économie estime avoir sauvé le pays. Peu importe qu’il y ait en ce moment même près de 130 plans de licenciement, soit près 33 000 emplois directs supprimés ou fortement menacés et au moins 60 000 emplois indirects.

Supprimez le chômage, cela fera moins de chômeurs ! Entonne le Chapelier fou.

Le niveau de délire ne semble jamais devoir s’arrêter. Comment être satisfait que des actionnaires américains Choose France ? Comment être heureux de voir leur poids dans les entreprises grandir année après année ? Comment voir comme une bonne nouvelle, la dépendance accrue de l’économie française aux fonds et aux banques américaines en pleine phase de spéculation boursière ?

Tout va bien ! nous dit-on.  Mais alors pourquoi les gens ont-ils faim ? Pourquoi la start up nation aboutit à une stagnation de la croissance du pays depuis des années ? Pourquoi sans les aides publiques, les entreprises n’arrivent plus à réaliser de profit en France ?  Derrière les effets de manchettes, c’est bien l’impasse de la gestion capitaliste de la crise économique de 2008 dans laquelle nous restons embourbés quinquennat après quinquennat, à laquelle nous faisons face. La lutte entre capitalistes pour aboutir à une nouvelle phase de son développement se traduit par la multiplication des guerres et par le pillage des États – que l’on appelle pudiquement subvention, allégement et optimisation.

Pour eux, il n’y a plus de place au dialogue social. Il n’y a plus de place au dialogue tout court d’ailleurs. Les Bourses pleines à craquer se fichent bien que le RN ou Renaissance emporte la victoire. Pour elles, l’important est qu’il n’y ait pas d’espoir et que leurs intérêts soient préservés.

La manière dont le gouvernement s’est emparé de la guerre coloniale menée par Israël contre la possibilité d’existence d’un État palestinien en est l’exemple parfait. Tout est là : mensonges, calomnies et business.

Et bien sûr répressions et intimidations.

Jean Paul Delescaut, Anasse Kazib, Mathilde Panot. On ratisse large. Je m’arrête quelques secondes sur Rima Hassan pour lui adresser ma totale solidarité. Les menaces de viol, de torture et d’assassinat qu’elle subit chaque jour illustrent la haine du camp d’en face. La bourgeoisie radicalisée flatte les bas instincts. De véritables poussent au crime.

La CGT recense plus de 1 000 adhérents qui sont réprimés depuis la fin du mouvement des retraites. Si l’on ajoute à cela les milliers d’autres travailleurs et citoyens matés, le constat est clair. C’est par paquets de 10 que l’on bastonne chaque jour. La violence d’État est non discriminante. Peu importe le genre ou la religion, que l’on vienne des centres-villes, des banlieues ou de la campagne. Ouvrier, paysan, chômeur ou cadre. Jeune ou vieux, syndicaliste ou non, avec ou sans papier. La trique est généreuse. J’en profite pour avertir les joueurs de trompette et de pipeau : la mode du retournement de veste ne fait plus recette chez les travailleurs et leur famille. 

Il y a une part de désespoir dans le haut niveau d’abstention que nous connaissons élection après élection et qui devrait se manifester à nouveau ce dimanche. Il y a également beaucoup de lucidité. Oui, notre camp n’arrive pas à proposer une alternative suffisamment désirable et crédible.  Notamment parce que pour bon nombre d’entre nous le cas Tsípras (et les années Hollande, Jospin ou Mitterrand…) nous ont éloigné à juste titre de ceux qui vendent du « vote pour moi, je m’occupe de tout, tu ne t’occupes de rien. »

Entre le dire et le faire, l’écart est trop grand.

Le vote est un outil important dans la lutte pour la réponse aux besoins. Les travailleurs doivent s’en saisir et aller voter pour renforcer les idées de la paix et du progrès social. Si les votes peuvent permettre l’élection de députés pouvant – le conditionnel est important – être des points d’appui à la lutte, ils permettent plus largement de mesurer la résonance dans la population des idées de notre camp.

Mais si le vote est un outil, il n’est qu’un outil. Il ne permet pas en lui-même d’aller à la victoire. Sans une mobilisation consciente et durable des masses, tout gouvernement progressiste achoppera devant la puissance de la finance. J’irais même plus loin. Il n’y aura pas d’accession d’une organisation progressiste au pouvoir sans prise en compte du point de vue des travailleurs, sans s’appuyer sur leurs connaissances et sans prendre en considération leurs aspirations.  

On ne fera pas de transition écologique progressiste sans les travailleurs de l’industrie. On ne fera pas de révolution dans l’agriculture et dans les assiettes sans les salariés de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution. On ne changera pas les institutions de la République sans les fonctionnaires. En somme, on ne construira pas un avenir désirable sans alliance des travailleurs et du peuple.

Dimanche votez, lundi syndiquez-vous. Travaillons ensemble à la victoire.


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