Les grèves de 1936 et leurs suites
Espoirs, stratégies et limites
11 mai 1936. En France, le temps semble en suspens. Au second tour des élections législatives qui a eu lieu la semaine précédente, le Front populaire principalement composé du Parti socialiste SFIO, du Parti communiste SFIC et du Parti radical, auxquels se sont adjoints l’Union socialiste républicaine et le Parti d’unité prolétarienne, l’a emporté assez largement, avec près de 58 % des voix. Cette alliance des gauches dispose désormais de 386 sièges à la Chambre des députés, sur 610. On attend désormais que le Président de la République, Albert Lebrun, annonce la composition du gouvernement. Ce sera le cas, si tout va bien, le 4 juin. En attendant, le radical Édouard Herriot est toujours Président du Conseil.
C’est alors qu’éclatent d’importantes grèves. L’une des premières usines occupées, à partir du 11 mai, est celle de Bréguet au Havre, dans le secteur de l’aéronautique, en réaction à des licenciements d’ouvriers syndicalistes qui avaient « chômé » le Premier Mai. Au même moment a lieu l’occupation des usines Latécoère à Toulouse, dans le même secteur et pour des raisons similaires. Le 14 mai, c’est au tour de l’usine Bloch, à Courbevoie, d’être occupée (Bloch est le nom de Marcel Bloch qui deviendra Marcel Dassault) ; les ouvriers passent la nuit dans les ateliers, après que la direction a refusé d’examiner leurs revendications (sur les salaires et le temps de travail). D’autres grèves surgissent ensuite, notamment dans une autre entreprise d’aéronautique, l’usine Nieuport d’Issy-les-Moulineaux : en ce 24 mai, le cahier de revendications ouvrières est fondé sur quatre piliers : la garantie d’un salaire minimal journalier, la reconnaissance de délégués d’entreprise désignés par les seuls salariés, la suppression des heures supplémentaires sous contrainte, enfin la semaine de 40 heures. Deux jours plus tard, le refus de toute entrevue par les dirigeants de « la boîte » entraîne la grève avec occupation des ateliers. Immédiatement, une partie de la population se mobilise, au côté de la municipalité, pour soutenir les grévistes et leur apporter leurs repas. Aux usines d’équipement automobiles Lavalette de Saint-Ouen, la baisse des salaires annoncée engendre elle aussi une grève, dont les initiateurs reprennent le programme du Front populaire et y ajoutent l’exigence d’abroger le barème aux pièces. Parallèlement, dans l’usine automobile Hotchkiss à Levallois, la grève est une riposte aux licenciements annoncés. Le 28 mai, les 35 000 ouvriers des usines Renault cessent le travail et entraînent dans leur sillage plusieurs dizaines d’usines en région parisienne. Le 2 juin, le mouvement de grève s’étend, notamment avec les 2500 métallurgistes de Fives-Lille qui occupent leur usine et hissent le drapeau rouge sur les bâtiments. Le 4 juin, tandis que le gouvernement Blum est formé, la grève gagne encore du terrain : camionneurs, employés de cafés, hôtels et restaurants, serrurerie, orfèvrerie, laboratoires pharmaceutiques, distributeurs d’essence, secteurs du bâtiment, de l’habillement et du livre. Durant les jours suivants, la province entre massivement dans la grève ainsi que de nouveaux secteurs professionnels, dans les services publics en particulier (gaz, eau, électricité, postes et télécommunications…) Le 8 juin, la grève est générale dans le bâtiment ; elle concerne terrassiers, démolisseurs, cimentiers, maçons, paveurs, bitumiers, serruriers… La grève des dockers paralyse certains ports comme Le Havre, Rouen et Dunkerque. Le 10 juin, nouveau bond : la grève est à présent massive parmi les employé-es de pharmacie, de la coiffure, de la boulangerie, dans les industries du bois, de l’ameublement, de la confection, de la maroquinerie, mais aussi parmi les garçons bouchers, les laveurs de voitures, les concierges, les lads d’écuries de courses, les représentants d’aspirateurs… La grève est généralisée, comme jamais dans l’histoire du pays. Et de nombreuses usines sont occupées, tout comme de grands magasins. Seules la Fonction publique, les banques et la Bourse ne sont pas touchées[1].
Les occupations des lieux de travail constituent évidemment un phénomène marquant et puissant. Elles rappellent les deux « années rouges » dans l’Italie de 1919-1920, la Hongrie de 1919 et, plus proches dans le temps, celles des mines Hortensia de Pologne en 1931, des mines en Angleterre et au Pays de Galles, et des métallurgistes en Espagne dans les années 1933-1935[2]. En France même, plusieurs occupations avaient déjà eu lieu : en 1933 et 1934 chez Citroën, en 1934 dans les fosses de mines de l’Escarpelle près de Carvin dans le Nord, en 1935 chez Simca. Quant au printemps 1936, au cours de cette séquence qui forme le cœur battant du Front populaire, la toute première occupation d’usine est passée relativement inaperçue. Elle a eu lieu dans l’Aisne, à la Société générale des Fonderies de Saint-Michel Sougland chez les ouvriers émailleurs, entre le 8 et le 12 mai 1936[3] ; seul Le Populaire l’évoque, tandis que les deux plus importants journaux du Parti communiste et de la CGT, respectivement L’Humanité et Le Peuple, ne lui consacrent pas une ligne. La forme de l’occupation connaît, en juin surtout, une extension comme une traînée de poudre. Les motivations sont à la fois pragmatiques, symboliques et politiques. Il s’agit d’empêcher le patronat d’avoir recours à des « jaunes » pour remplacer les grévistes, ou au lock-out en fermant d’autorité l’entreprise, enfin pour créer un effet d’entraînement chez les hésitants. Mais c’est également une manière de s’affirmer avec dignité. Un sous-préfet l’admet, le 22 juin : « À mon avis, ils ont voulu impressionner les dirigeants par la manifestation de leur force et leur signifier en quelque sorte qu’ils étaient à leur merci »[4]. Dans le reportage qu’il consacre pour Vu aux entreprises, usines, magasins occupés, Emmanuel Astier interroge un ouvrier de chez Renault pour qui occuper l’usine, c’est « nous maintenir coûte que coûte, comme une dans une ville assiégée », « montrer assez de force passive pour ne pas avoir à s’en servir ». On se souvient des mots forts utilisés par la philosophe en usine Simone Weil pour décrire les occupations de juin 1936 : « Joie d’entendre, au lieu du fracas impitoyable des machines, de la musique, des chants et des rires. On se promène parmi ces machines auxquelles on a donné pendant tant et tant d’heures le meilleur de sa substance vitale, et elles se taisent, elles ne coupent plus les doigts, elles ne font plus mal »[5].
Comme souvent dans les mouvements sociaux et les grands soulèvements populaires à l’instar des grèves sous le Front populaire, la mobilisation révèle. Elle lève le voile sur les conditions de rémunération, de travail, d’existence et d’exploitation. Même un sous-préfet, en cette occasion, – certes dans un rapport confidentiel – en vient à évoquer des « salaires de famine » et « des années de souffrance que la classe ouvrière a supportées » ; il ajoute : « j’ai constaté ce sentiment même parmi de nombreuses personnes appartenant aux partis les plus modérés dont certaines occupent de grosses situations dans l’industrie »[6]. On n’imaginait pas qu’on en était là… Léon Jouhaux, secrétaire national de la CGT, mentionne lui aussi ce fait lors d’une intervention interne au Comité confédéral national le 16 juin 1936 et décrit « des situations que nous ne connaissions pas. Les ouvriers, avec une certaine dignité, n’affichaient jamais les conditions misérables de salaires auxquelles ils avaient été réduits. C’est seulement au cours de ce mouvement que nous nous sommes rendus compte des conditions de salaire misérables existant dans certaines professions. »
Les grèves antérieures avaient déjà largement contribué à mettre en évidence de telles situations. Dans le département du Nord, de nombreuses grèves en 1935 avaient montré qu’il fallait se battre pour obtenir quelques centimes d’augmentation – aux filatures Stock de Roncq et d’Halluin, les ouvrières et ouvriers avaient obtenu une augmentation de 45 centimes par cent mètres de toile de sac – mais encore pour empêcher les baisses salariales tentées par les patrons – à Halluin, une grève avait éclaté au teillage de lin de l’entreprise Vexvisch parce que la direction voulait imposer une baisse de 10 à 12 % ; à Lambersart au même moment, en réaction à une grève pour protester contre une diminution de salaire, la direction de la Société générale des Carrelages et Produits céramiques avait décidé de fermer temporairement ses portes[7]. En janvier et février 1936, une grève impressionnante s’était déroulée aux mines de La Mure, dans le bassin minier du Dauphiné. On l’avait appelée la « grève noire ». Elle s’était déclenchée suite à la décision patronale de baisser les salaires – diminution comprise entre 6 et 8 %. La mobilisation et la solidarité avaient été impressionnantes, au point que le préfet ait pu parler d’un « puissant mouvement populaire déferlant sur tout le département ». Des commerçants, des cultivateurs, des fonctionnaires, des employés, des ouvriers et ouvrières de diverses branches avaient soutenu financièrement la grève. Le Syndicat des gantiers de La Mure non seulement avait versé de l’argent mais s’était aussi engagé à donner chaque semaine aussi longtemps que la grève durerait. Des coopératives agricoles avaient apporté leur quote-part. Ici, de petits propriétaires décidaient de ne pas faire payer leur loyer aux grévistes ; là, un boulanger diminuait le prix de son pain ; ailleurs, un propriétaire réduisait son loyer de moitié et versait le reste à la caisse de grève ; un commerçant apportait des cageots d’oranges et de bananes – à l’époque rares ; un paysan livrait deux cents kilos de pommes de terre ; un boucher offrait de la viande aux grévistes ; un meunier leur proposait gratuitement des balles de farine ; un ancien combattant leur remettait la totalité de son allocation[8]. Ce conflit marqua les esprits.
Au printemps et à l’été 1936, les modalités de la grève sont elles-mêmes diversifiées. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, des mariniers forment des barrages de péniches qui interrompent le trafic jusqu’à la région parisienne[9]. Des concerts, on le sait, sont organisés pour aider les grévistes à tenir les occupations et à en éprouver de la joie. Dans la grande usine métallurgique des Batignolles à Nantes, le 7 juin, des musiciens, musiciennes et autres artistes bénévoles sont applaudis par plus de mille personnes. Ce concert a lieu à l’intérieur de l’usine, où des cordes sont disposées pour que personne n’entre plus avant et n’ait accès aux machines[10]. C’est d’autant plus important que les patrons ne cessent de mettre en garde contre le danger représenté supposément par les occupations. Les courriers et les plaintes de leur part sont innombrables. L’une des formules-clés en est : « Nous laissons aux pouvoirs publics la responsabilité de toutes les conséquences. » À Nantes, le syndicat patronal des Scieurs Mécaniques mentionne la présence de marchandises au caractère particulièrement inflammable ; les dirigeants de la Société des pétroles Jupiter écrivent qu’il suffirait « d’une imprudence des occupants pour produire une catastrophe » ; l’entreprise Kuhlmann (matières colorantes) évoque la possibilité d’« émissions gazeuses provenant des appareils » dont on ne peut désormais plus contrôler la marche[11]… Le plus souvent, ces employeurs stipulent au maire qu’ils auront recours aux lois du 5 avril 1884 et du 16 avril 1914, les autorisant selon eux à demander des réparations à la ville en cas de dommages. Les municipalités de gauche viennent d’ailleurs en aide aux grévistes. Le ravitaillement est parfois assuré par les communes, y compris dans les grandes villes. C’est le cas à Lille où Henri Salengro, frère de Roger et secrétaire général de la Mairie, organise la distribution des vivres[12]. À Nantes, la municipalité seconde les efforts des syndicats en participant au ravitaillement. Les plus de mille grévistes de la Compagnie Générale de Construction de Locomotives reçoivent des repas préparés par les soins des restaurants municipaux ; ici, c’est la Bourse du Travail qui règle les dépenses déboursées par la Ville[13].
Le gouvernement dirigé par Léon Blum est surpris par l’ampleur que la grève prend très vite. Pour Léon Blum, il importe que l’action du gouvernement s’exerce « dans la sécurité publique », comme il le dit à la radio dès le 5 juin 1936. Cette action doit être efficace ; elle ne saurait être paralysée par de « atteintes à l’ordre » ou l’interruption de « services vitaux de la nation ». C’est clairement une invitation à ne pas poursuivre les premiers mouvements de grève. Il explicite sa position : « Le gouvernement demande aux travailleurs de s’en remettre à la loi pour celles de leurs revendications qui doivent être réglées par la loi » ; pour le reste, « le calme, la dignité et la discipline » sont indispensables. Le Président du Conseil ne cesse alors de le répéter. Ainsi le 12 juin : « Ce que le gouvernement peut et doit dire, c’est qu’il est parfaitement résolu à assurer l’ordre dans la rue. » Tout au long de la séquence, Blum en appellera au sang-froid, refusant chez les « masses populaires » ce qu’il désignera le 14 juillet, dans son discours place de la Nation, comme de l’impatience et la précipitation. Au contraire de la grève, mieux vaut, dit-il, une « force tranquille », celle à laquelle se réfèrera bien plus tard également François Mitterrand.
Les directions des syndicales appellent elles aussi au calme, à l’ordre et au sang-froid. Dans les usines, la surveillance et l’entretien de certaines machines sont assurés, afin de prévenir toute dégradation et d’éventuels actes de sabotage. À écouter ou lire le discours prononcé le 8 juin par Léon Jouhaux à la radio, on mesure le changement d’optique engagé par la direction de la CGT à l’issue des « Accords Matignon », négociés et signés la veille sur la base de « réajustements » des salaires, de la reconnaissance des délégués d’entreprise, des contrats de travail collectifs, de la semaine des 40 heures et des deux semaines de congés payés. Jouhaux déclare en effet :
« La victoire obtenue dans la nuit de dimanche à lundi consacre le début d’une ère nouvelle : l’ère des relations directes entre les deux grandes forces économiques organisées dans le pays. Dans la plénitude de leur indépendance, elles ont débattu et résolu les problèmes qui sont à la base de l’organisation nouvelle de l’économie française. On parlait depuis un certain temps de la nécessité d’une formule nouvelle, celle-ci est trouvée : collaboration dans la liberté totale pour la discussion des revendications et la confrontation des points de vue. »
La déclaration a de quoi surprendre de la part du plus haut représentant d’une Confédération syndicale acquise dès sa fondation à la lutte de classes et au renversement du salariat comme rapport d’exploitation – et par là même du patronat –, stipulé comme objectif dans le premier article de ses statuts. Elle étonne moins quand on réfléchit à la stratégie mise en œuvre ici. Il s’agit que la grève s’achève au plus vite, comme Maurice Thorez le dit aussi, le 11 juin, en une formule passée à la postérité : « Il faut savoir terminer une grève dès que la satisfaction a été obtenue. » Thorez poursuit : « Il faut même savoir consentir au compromis si toutes les revendications n’ont pas encore été acceptées mais que l’on a obtenu la victoire sur les plus essentielles revendications. » En fait, ce que Jouhaux soutient là, ce n’est rien de moins qu’une forme de collaboration de classes et de capitalisme négocié, entre partenaires. Il n’hésite d’ailleurs pas à ajouter que l’État doit jouer un rôle d’arbitre « correspondant à sa fonction de représentant de l’intérêt général ». On est bien loin de l’interprétation marxiste de l’État comme forme de la classe dominante et de l’idéologie de cette classe se faisant passer pour l’intérêt général, justement. C’est la raison pour laquelle certaines organisations critiquent alors fortement ces positions de la CGT et du PCF, à leurs yeux un revirement qui n’est pas loin de la trahison.
Quelles peuvent être alors les formes autonomes d’auto-organisation dans la grève ? À Levallois, chez Hotchkiss, une réunion est organisée le 8 juin qui regroupe des délégués venus d’une trentaine d’usines voisines[14]. À Vienne dans l’Isère, les autorités relèvent que les responsables syndicaux n’ont pas toujours la « direction de leurs troupes » : ce sont des délégués ouvriers élus en assemblée d’usine qui mènent le mouvement[15]. Mais seules les organisations de la gauche révolutionnaire en appellent véritablement à une auto-organisation qui dépasserait les cadres syndicaux. Le 12 juin 1936, le journal La Lutte ouvrière propose de transformer les comités de grève en comités d’usine permanents, de relier et fédérer les comités d’usine entre eux pour préparer un congrès de ces comités d’usines. Il en appelle aussi à la formation, non seulement de comités ouvriers, mais de comités de chômeurs, de soldats et de paysans. Le ministre de l’Intérieur fait d’ailleurs saisir ce numéro dans les kiosques, un cas de censure évident. Quant aux pratiques autogestionnaires, elles sont rares – et la recherche doit se poursuivre pour les documenter. On en connaît au moins un cas : dans une fabrique de biscuits et de chocolat, à Marcq-en-Barœul (Nord), les établissements Delespaul-Havez qui comptent 650 ouvrières et ouvriers. Les dirigeants de l’entreprise ayant refusé les négociations, le personnel décide, à partir du 4 juillet 1936, de faire tourner l’usine pour leur compte. Le lendemain, un tract explique la situation et la résolution ouvrière : il s’agit de « faire marcher l’usine nous-mêmes » et d’organiser également, face aux quantités de marchandises qui risquent d’être gâchées, une distribution gratuite à « tous les nécessiteux de la ville ». Ils et elles fabriquent aussi le pain avec des moyens de fortune. Le courant électrique est alors coupé sur ordre des autorités. Le 7 juillet, ouvrières et ouvriers font porter à leur employeur, un important homme d’affaires, une boule de pain avec une lettre intitulée « Devant notre misère »[16].
Nous sommes donc là au mois de juillet. Pourquoi les grèves se poursuivent-elles, comme on le sait rarement, bien au-delà du mois de juin 1936 ? Les Accords Matignon apportent évidemment un grand soulagement et beaucoup de joie. C’est indéniable et cela fait partie des grandes conquêtes arrachées sous le Front populaire, en large part du fait de la grève générale, puisque le programme des partis de gauche réunis ne comportait pas certaines mesures phares – en particulier les congés payés. Cependant ils ne sont en réalité pas appliqués partout. D’emblée, l’un des signataires au sein du patronat, Alfred Lambert-Ribot, délégué du Comité des Forges, assure dans Le Temps que cet acte n’a pas valeur contractuelle. De surcroît, la Confédération patronale qui a signé à Matignon ne représente pas l’ensemble des employeurs – dans les petites et moyennes entreprises, les patrons affirment d’ailleurs que les « accords Matignon » ne les concernent pas, qu’ils n’ont pour leur part rien signé et qu’en raison de la concurrence ils ne sauraient être en mesure de tenir de tels engagements. « On est en présence d’une promesse de contrat plutôt que d’un contrat », note Georges Lefranc dans son Juin 36[17]. Certes, les journaux de la gauche rassemblée assurent tous que la victoire est exceptionnelle pour le monde du travail en général et la classe ouvrière en particulier, et que la grève peut donc cesser. Au lendemain de la signature, le 8 juin donc, L’Humanité titre que « la victoire est acquise » ; Le Peuple affirme que c’est une « victoire sur la misère » puisque « 8 millions de travailleurs obtiennent satisfaction », tandis que Le Populaire insiste sur la « victoire de la classe ouvrière » : « Les patrons ont capitulé ! Les patrons ? Quels patrons ? Tous ! » Et de préciser : « Victorieux, les ouvriers peuvent reprendre le travail ».
Cependant, chaque avancée est rudement négociée dans les entreprises concernées. C’est l’évidence sur les salaires : le patronat comprend fin juin-début juillet que le gouvernement ne touchera pas fondamentalement aux rapports de production ni a fortiori à la propriété privée. À lire les archives, on a le net sentiment qu’il relève la tête, après avoir eu très peur d’une expansion du mouvement pouvant aller jusqu’à la révolution. Le gouvernement lui donne la garantie que cela n’arrivera pas. Le 7 juillet, le ministre de l’Intérieur Roger Salengro intervient au Sénat et décline un à un les chiffres de la répression destinée à faire cesser la grève, en particulier les occupations : dans toute la France ont eu lieu 2438 interventions de police dont 1382 dans le département de la Seine ; elles ont été suivies de 1303 arrestations ; 491 dossiers ont été déférés au Parquet ; 1106 arrêtés d’expulsions pour des étrangers ont été signés. Roger Salengro est ferme, presque martial, dans le ton qu’il emploie dans ces circonstances au Sénat : « Le gouvernement, affirme-t-il, est résolu à assurer l’ordre public. Il entend mettre un terme aux pratiques, d’où qu’elles viennent, qui le troublent. Si demain des occupations de magasins, de bureaux, de chantiers, d’usines, de fermes étaient tentées, le gouvernement, par tous les moyens appropriés, saurait y mettre un terme. » La délégation des gauches, avec ses différentes composantes, approuve Salengro par un appel à la classe ouvrière, le 10 juillet, « pour éviter au gouvernement d’être obligé, après avoir usé de tous les moyens de conciliation, de recourir à des mesures de contrainte »[18].
Dans de telles conditions donc, avec ce contexte où la pression gouvernementale, mais aussi policière, militaire et judiciaire est mise sur les grévistes, les augmentations de salaires se discutent et disputent âprement. Dans certaines entreprises, les dirigeants veulent n’augmenter que les salaires des hommes et non celui des femmes ou des enfants. Parfois s’exerce même un chantage : dans les grandes papeteries de Creysse en Dordogne, les propositions de hausses salariales pour les hommes sont conditionnées au passage au salaire aux pièces pour les femmes, ce qu’elles refusent catégoriquement[19]. En Gironde, les patrons des Verreries de Bordeaux estiment ne pas pouvoir « réajuster » les salaires « sous peine de s’engager dans la voie d’une augmentation ininterrompue » ; ils proposent donc d’augmenter les salaires des ouvriers (hommes) touchant déjà les rémunérations les plus élevées parce qu’exerçant des travaux particulièrement durs ou délicats[20].
Les jours de congés sont accordés de manière diverse selon les statuts et l’ancienneté. Il arrive que des salariés n’aient finalement que 8 jours de congés et non 15. C’est un rapport de force – et de classes – qui s’instaure à leur sujet. Par exemple, le patronat parvient à rogner cette conquête en cas de grève. C’est ce que viendra confirmer en 1938 un arrêt de la Cour de Cassation : le fait de se mettre en grève entraîne, au préjudice de la ou du salarié-e, la rupture de contrat et lui fait perdre le bénéfice du congé payé[21]. Très rapidement, le patronat organisé, par la voix de la Confédération générale de la Production française (CGPF), entend faire une mise au point – et ce, dès le 14 juin : le thème des 40 heures n’aurait été abordé que « de façon incidente » dans les discussions de Matignon. Les employeurs n’auraient pas caché qu’une telle loi aurait pour l’économie du pays « des conséquences encore plus redoutables que l’augmentation des salaires »[22]. Entre autres exemples, les dirigeants d’une usine de chaussures à Nantes n’hésitent pas à affirmer que les 40 heures seront « un malheur pour l’ouvrier » : en effet le prix des marchandises augmentera, ce qui réduira la consommation et arrêtera sans doute les exportations[23]. Partant, la loi n’est pas partout mise en place. On ne saurait multiplier les exemples ici mais donnons-en quelques-uns. À Creysse en Dordogne, l’usine de la Société Hachette stipule dans son contrat collectif de l’été 1936 que tous les ouvriers et ouvrières sans exception et sans aucune dérogation devront effectuer 48 heures de travail effectif – et l’adjectif est souligné[24]. À la fin de l’année 1936, on compte encore des grèves pour que la loi des 40 heures soit appliquée : que l’on songe aux ouvriers de Bourgoin et Jallieu en décembre 1936[25]. Dans certains départements, les 40 heures ne sont effectives que dans quelques secteurs – surtout la métallurgie, le textile et le bâtiment. Peu à peu d’ailleurs, la loi sur les 40 heures est grignotée. Une partie du patronat réclame d’abord la récupération des fêtes de Noël et du Nouvel An, au moyen d’heures supplémentaires ; le gouvernement en approuve la demande. Cette autorisation est ensuite étendue à toutes les fêtes légales et même aux fêtes locales. Puis intervient la récupération des « heures perdues » en période de morte-saison : un décret, le 21 décembre 1937, entérinera cette autorisation de récupération. De même sont autorisées les heures supplémentaires dans les secteurs jugés « essentiels », les mines de charbon et les mines de fer, institutionnalisées à leur tour par décret les 29 juillet et 21 décembre 1937. Dans les entreprises travaillant pour la Défense nationale, toutes les dérogations sont autorisées[26]. Le terrain est donc préparé pour que la grande mesure de 1936 soit détricotée et finalement démantelée par un processus législatif, avec une autre majorité.
C’est pour toutes ces raisons que les grèves ne cessent pas, loin de là, après juin 1936. Quand on consulte par exemple les archives du cabinet du préfet en Haute-Garonne, on peut mesurer chaque jour son désarroi et son impuissance à faire cesser les grèves. Quand elles s’arrêtent à un endroit, elles commencent dans un autre, et ce pendant des semaines[27]. En septembre, les renseignements généraux de l’Isère relèvent que « le public suit avec beaucoup d’intérêt les efforts faits par le gouvernement pour mettre fin au mouvement gréviste qui depuis début septembre a repris avec une certaine ampleur. » Là encore, les exemples pourraient être multipliés. Dans le Lot, les ouvriers du bâtiment se mettent massivement en grève, au point que le patronat du secteur ressente la nécessité de mieux s’organiser : on y assiste à la formation d’un Syndicat des Patrons du Bâtiment[28]. Dans le Nord, les charbonniers entrent de nouveau en grève eux aussi, à Roubaix en particulier[29]. À Bordeaux, un conflit jugé « grave » par les autorités locales dure plus de trois semaines, en décembre, à la raffinerie de Saint-Rémi, filiale des établissements Say ; les usines sont occupées à la suite du licenciement d’un ouvrier : une grève de solidarité, donc, principalement. Mais une majorité de grèves à l’automne et l’hiver 1936 puis durant toute l’année 1937 est due à l’inflation qui a explosé et donc aux salaires toujours trop bas malgré les augmentations concédées par le patronat après la grève générale.
À propos de cette hausse continue des prix qui rogne considérablement les acquis salariaux négociés à Matignon, le patronat français avait tôt annoncé la couleur, par la voix d’un de ses porte-paroles éminents : Claude-Joseph Gignoux. Celui-ci est directeur du quotidien La Journée industrielle, financé par le Comité des industries chimiques, le Comité central des fabricants de sucre, celui des Houillères, l’Union syndicale des compagnies d’assurance, le syndicat général de l’industrie cotonnière… Il est aussi à la tête de la Fédération des industriels et commerçants français – et il prendra, en octobre 1936, la direction de la CGPF. Gignoux assure dans le journal qu’il dirige, donc, La Journée industrielle, dès le 9 juin 1936 : « Nous allons à une hausse importante des prix en France. » Le patronat semble de toute évidence déterminé à compenser les hausses de salaires par des hausses de prix. De fait, entre avril 1936 et avril 1937, l’augmentation des prix de détail est estimée à +29 % pour les denrées alimentaires, +37 % pour les articles de ménage, +63 % pour l’habillement ; si l’on se réfère cette fois à la période avril 1936-avril 1938, ces hausses sont respectivement de +54 %, +63 % et +74 %, ce qui est considérable[30].
À l’article 6 des Accords de Matignon figure la mention que les faits de grève ne pourraient être sanctionnés. Pourtant, de très nombreuses plaintes sont déposées par les employeurs auprès des procureurs de la République en raison des grèves et des occupations. Ce sont autant de procédures judiciaires lancées, de convocations dans les commissariats et auprès des tribunaux. Certes, la loi du 11 août 1936 permet d’amnistier les faits – « délits et contraventions » en matière de réunion, de manifestation sur la voie publique antérieurs au 25 juin 1936. Mais ce n’est plus le cas pour la suite, jusqu’à une autre loi d’amnistie le 13 juillet 1937. Et la répression va se durcir, entre l’automne 1937 et l’automne 1938.
On peut considérer que la période se clôt avec une dernière grève puissante mais fortement réprimée : celle du 30 novembre 1938. Elle est appelée par la CGT contre les décrets-lois pris par le gouvernement d’Édouard Daladier, président du Parti radical naguère composante du Front populaire – Daladier, en 1936-1937, était vice-président du Conseil et ministre de la Défense nationale –, avec son ministre des Finances Paul Reynaud. Ces mesures de déflation touchent particulièrement les fonctionnaires et les agents des services publics, les cheminots notamment, ainsi que les retraités. L’impression ressentie est que cette politique vient mettre en cause les conquis obtenus deux ans auparavant, d’autant que la semaine de 48 heures est elle aussi rétablie dans les faits. Elle est de surcroît considérée comme particulièrement injuste. La Fédération nationale des cheminots CGT y insiste : « Le plan Daladier-Reynaud ne favorise que le banquier, les Trusts, les Spéculateurs du Temple à colonnes », en dénonçant les profits boursiers ; le plan, selon l’organisation cheminote, « est inhumain, il frappe ceux qui, présentement, ont de grosses difficultés pour vivre »[31]. La mobilisation va cependant bien au-delà de la Fonction publique puisque l’enjeu concerne « la classe travailleuse », appelée par la CGT à se dresser contre les « mesures de régression sociale qui annulent pratiquement les belles conquêtes ouvrières de Juin 1936 »[32].
Face à cette préparation syndicale, le gouvernement entend se montrer d’une inflexible fermeté. Ses circulaires sont particulièrement sévères. Le Président du Conseil Daladier indique que tous les fonctionnaires et agents de services publics devront être à leur poste et que la cessation de travail constituerait une faute grave : « cette faute exposerait ceux qui la commettraient à la révocation ». Aucune autorisation d’absence ne sera accordée. Toute « propagande » en faveur de la grève tombera sous le coup de « poursuites légales »[33]. Plus tard, il se dit informé que, dans certains services, des agents auraient l’intention de se rendre à leur travail mais en y montrant une « lenteur systématique » voire une « inertie complète dans l’accomplissement de leur tâche » ; Édouard Daladier menace : cette attitude est passible des mêmes sanctions que la grève active[34]. Le ministre de l’Intérieur Albert Sarraut insiste également sur la révocation comme mesure légale de sanction, puisque les grévistes se seront d’eux-mêmes selon lui « exclus du service public », et sur les réquisitions, y compris militaires[35]. Les préfets relaient évidemment ces consignes. Ainsi le préfet de l’Isère écrit aux maires qu’il faut prévenir « avec bienveillance mais fermeté » les fonctionnaires : toute infraction par la grève fera l’objet d’un procès-verbal et la justice sera immédiatement saisie[36]. Les étrangers et étrangères sont particulièrement surveillés.
La grève est cependant bien suivie, dans le secteur public mais aussi dans le privé. Des actes de solidarité ont lieu pour l’occasion. Par exemple, aux PTT de la région grenobloise, la grève est quasi-totale. Mais onze ouvriers, en arrêt maladie et qui de ce fait n’ont pu participer à la grève, écrivent à leur direction pour se signaler comme grévistes et solidaires de leurs camarades. La répression s’abat sur eux aussi : au total, sur 158 ouvriers de ligne à Grenoble et dans les environs, 150, qui ont fait grève, sont suspendus[37]. Certain-es étranger-es font l’objet de mesures d’expulsion. Prenons ici l’exemple de Jeanne B., 19 ans, une ouvrière sur soie à la Société lyonnaise des textiles, italienne, qui aurait reproché à une autre ouvrière de ne pas suivre le mot d’ordre de grève générale. D’après le témoignage de cette dernière, Jeanne B. lui aurait lancé : « C’est honteux pour une Française de venir travailler ». Elle est expulsée, d’autant que pour le sous-préfet cette mesure répressive est un « exemple salutaire auprès de l’élément étranger de la localité »[38]. Au-delà, les sanctions sont nombreuses : jours d’exclusion et suspensions dans le secteur public, licenciements dans le secteur privé. Les usines occupées sont évacuées par des forces armées massives. Dans le Nord, à Valenciennes, à Denain et dans les environs, quelque 20 000 grévistes sont expulsés par la force de leurs entreprises, essentiellement métallurgiques, avec plusieurs dizaines de pelotons de gardes mobiles arrivés « de tous les points de France »[39].
In fine, quel est le bilan ? La force de cette grève générale, la joie qui émanait des occupations d’usines, de magasins, d’entreprises diverses, la confiance qu’elle donnait au monde du travail et à la classe ouvrière, avec le sentiment de prendre enfin en mains son destin ont été essentielles[40]. Malheureusement, notre mémoire du Front populaire est trop pétrie de légendaire. Il est douloureux de briser le miroir heureux qu’il renvoie, mais ce travail est nécessaire. Non pour le seul goût du passé ; mais pour ce qu’il nous dit du présent. Il serait bon d’en discuter – et dans cette perspective, d’en tirer en quelque sorte sinon les leçons du moins les interrogations cruciales. Car on ne saurait faire comme si de rien n’était. Le gouvernement du Front populaire n’a pas touché aux rapports de production ni aux rapports de propriété. Très vite, après les conquêtes arrachées surtout par la grève, il a cherché à rassurer les possédants : il allait mettre un terme à la grève. Cela réconforta et conforta le patronat. On le lit à chaque ligne de ses positions, non seulement sur le plan national mais surtout au niveau local : dès juillet 1936, il reprenait confiance à un point stupéfiant. Beaucoup d’employeurs mobilisaient des arguments pour rogner les acquis récents. Les quarante heures n’étaient souvent pas appliquées, ou très lentement, car les patrons traînaient des pieds. Les congés payés se négociaient chèrement, à pas comptés : ici ou là, ce n’étaient que cinq jours, et non pas deux semaines, en fonction de l’ancienneté. L’inflation spectaculaire, qui s’imposa à la fin de l’été, balaya les hausses de salaires. À l’automne et pour toutes ces raisons, des grèves reprirent mais elles furent vite réprimées – notre mémoire les a d’ailleurs oubliées. En février 1937, Léon Blum décréta la « pause » dans les avancées sociales et finit par démissionner. L’expérience d’une émancipation ouvrière aura duré à peine quelques semaines. « En démocratie républicaine, avait affirmé Jean Jaurès, aucun obstacle intérieur ne s’oppose à l’avènement légal du socialisme[41]. » Même si les conquis sociaux ont alors été importants, fondamentaux même pour la fierté et la dignité ouvrières, le Front populaire a fait toutefois la démonstration du contraire.
[1] Voir Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, Paris, La Découverte, 1986 [1952], p. 63 sq ; Georges Lefranc, Juin 36. L’explosion sociale du Front populaire, Paris, Julliard, 1973, p. 166-167. Voir aussi Danielle Tartakowsky, Le Front populaire. La vie est à nous, Paris, Gallimard, 1996 ; Jean Vigreux, Histoire du Front populaire. L’échappée belle, Paris, Tallandier, 2022.
[2] Stéphane Sirot,« Les usines occupées », Les Cahiers de l’Institut d’Histoire sociale Mines-Énergie, n° 12-13, mai 2006, p. 26-29.
[3] Salomon Schwarz, « Les occupations d’usines en France de mai et juin 1936 », International Review for Social History, 2(1), 1937, p. 50 sq.
[4] Rapport du sous-préfet de Vienne, 22 juin 1936, Archives départementales (désormais AD) Isère 52M50.
[5] Simone Weil, « Visite à un atelier parisien », La Révolution prolétarienne, 10 juin 1936.
[6] Sous-préfecture de la Vienne, rapport, 22 juin 1936, AD Isère 52M90.
[7] Commissariat central de Lille, rapport au préfet, 24 avril 1935, AD Nord 159M14.
[8] Rapport du préfet de l’Isère, janvier 1936, AD Isère 166M24 ; La République de l’Isère, 16 janvier 1936.
[9] Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, op. cit., p. 106.
[10] Rapport du commissariat central de Nantes, 7 juin 1936, AD Loire Atlantique 10M60.
[11] Lettres au maire de Nantes, 9 et 11 juin 1936, AD Loire Atlantique 10M60.
[12] Rapport du commissariat de Lomme, 16 juin 1936, AD Nord 154M281.
[13] Rapport du commissariat central de Nantes, 5 juin 1936, AD Loire Atlantique 10M60.
[14] Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, op. cit., p. 159-160.
[15] Rapport mensuel de la sous-préfecture de Vienne, 22 juin 1936, AD Isère 52M90.
[16] Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, op. cit., p. 126 sq.
[17] Georges Lefranc, Juin 1936, op. cit., p. 158.
[18] Georges Lefranc, Juin 1936, op. cit., p. 180.
[19] Union locale des syndicats confédérés de Bergerac, courrier au sous-préfet, 11 juillet 1936, AD Dordogne 10M32.
[20] Accord Verreries de Bordeaux, 13 avril 1937, AD Gironde 10M56.
[21] Documents préfectoraux, décembre 1938, AD Gironde 10M57.
[22] Georges Lefranc, Juin 36, op. cit., p. 162.
[23] Les fils de Gustave Lemoine, courrier au préfet, 9 juin 1936, AD Loire Atlantique 10M60.
[24] Contrat collectif, Société Hachette, été 1936, AD Dordogne 10M32.
[25] Rapport du sous-préfet de La Tour du Pin, 23 décembre 1936, AD Isère 52M90.
[26] Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, op. cit., p. 246-247.
[27] Rapports du préfet, juin-octobre 1936, AD Haute-Garonne 1M663.
[28] Rapport du préfet du Lot, septembre 1936, AD Lot 10M16.
[29] Rapport de gendarmerie à Lannoy, 8 novembre 1936, AD Nord 154M281.
[30] Jacques Danos et Marcel Gibelin, Juin 36, op. cit., p. 217.
[31] Fédération nationale des cheminots, Tract sur les décrets-lois, novembre 1938, AD Isère 166M25.
[32] Syndicat national des instituteurs, Section de l’Isère, novembre 1938, AD Isère 166M25.
[33] Circulaire d’Édouard Daladier, novembre 1938, AD Isère 166M25.
[34] Télégramme du Président du Conseil aux préfets de France, 29 novembre 1938, AD Isère 166M25.
[35] Circulaire du ministre de l’Intérieur aux préfets et sous-préfets, novembre 1938, AD Isère 166M25.
[36] Télégramme officiel du préfet de l’Isère aux maires du département, 28 novembre 1938, AD Isère 166M25.
[37] Télégramme Préfecture de l’Isère, 2 décembre 1938, AD Isère 166M25.
[38] Rapport du sous-préfet de Vienne, 7 décembre 1938, AD Isère 166M25.
[39] Documents préfectoraux, novembre 1938, AD Gironde 10M57.
[40] Je me permets de renvoyer, pour cette conclusion, à mon essai Que faire ? Stratégies d’hier et d’aujourd’hui pour une vraie démocratie, Paris, 10/18, 2023.
[41] Jean Jaurès, La Petite République, 21 juillet 1903.