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 1968, essai d'historiographie subjective
A partir d’une réflexion de départ sur le rapport entre mémoire et histoire autour du moment 1968 en France, il s'agit ici d'élaborer une histoire sociale de l’événement en s’appuyant sur l’usage des sources écrites et audiovisuelles et en passant par un examen attentif des textes, des paroles et des actes des protagonistes de tous bords.
Par Michelle Zancarini-Fournel Publié in #5 La grève le 27 novembre 2023 40 min de lecture
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 1968, essai d’historiographie subjective

Il faut faire l’histoire du temps présent en professionnel à partir de documents et non de souvenirs pour le mettre à juste distance[1]

Tout en assumant d’écrire une histoire subjective à partir d’un point de vue situé déterminé par ma situation et mon histoire personnelles, la citation d’Antoine Prost me semble correspondre à ma pratique historienne. J’ai mis en œuvre une histoire du temps présent, à partir d’une réflexion sur l’événement comme “ fait social total ”.  Je me suis proposée à partir d’une réflexion de départ sur le rapport entre mémoire et histoire autour du moment 1968 en France[2] d’élaborer une histoire sociale de l’événement en m’appuyant sur l’usage des sources écrites et audiovisuelles et en passant par un examen attentif des textes, des paroles et des actes des protagonistes de tous bords.

 Mémoire et histoire 

Il m’a paru nécessaire dans un premier temps de confronter cette approche avec la “ mémoire collective ” (Maurice Halbwachs), ou plutôt “la mémoire commune” telle qu’elle s’est construite pendant trente ans autour du témoignage d’individus, souvent les mêmes. Auto-proclamés et élus par les médias, ils sont désignés comme porte-parole de la Génération, lors des commémorations décennales et plus encore de la commémoration-rampante de “Mai 1968” moment-clé de la construction de la “mémoire commune”[3]. Le discours sur la génération, réactivé en 1986-1988 par le slogan de ‘génération morale’ des manifestations étudiantes de novembre 1986, devenue ‘génération Mitterrand’ de la campagne présidentielle en 1988, s’inscrit, dans le processus de mémorialisation. L’apogée du phénomène se situe en 1988 avec la commémoration des vingt ans de 1968 et la publication des deux tomes de Génération, de Hervé Hamon et Patrick Rotman[4]. Le déficit d’historicisation lié au processus de commémoration a eu sans doute pour effet alors de masquer la rupture dans le corps social-national, de recoudre les blessures. Le blanchiment de l’événement 68 forge les lieux de l’oubli.

Pour passer de la mémoire à l’histoire il fallait d’abord disposer d’archives et donc contribuer à les rassembler. À l’origine, se trouve un travail collectif, initié dans le cadre d’une association Mémoires de 68 créée officiellement le 4 août 1989, de recherche d’archives privées, individuelles et de groupes politiques d’extrême gauche de la période 1965-1975, déposées, inventoriées et mises à disposition dans un lieu public – la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine située sur le campus de Nanterre (BDIC, devenue La Contemporaine) – et la réalisation d’un répertoire des lieux où sont déposées nationalement des archives écrites ou iconographiques sur la période, intitulé  Mémoires de 68. Guide des sources d’une histoire à faire [5].

La décision de travailler en historienne sur cette période est venue également de la lecture des Lieux de mémoire et en particulier de la conclusion du volume trois, “L’ère de la commémoration ”, rédigée par Pierre Nora. L’historien compare la commémoration de la révolution de 1789 et celle des événements de 1968 et affirme que ‘’L’événement n’a de sens que commémoratif […] Je me souviens d’un mot de Kojève en juin 1968 qui me disait un soir, quelques mois avant sa mort ‘Hegel aurait bien rigolé’. Il voulait dire qu’à ses yeux rien ne s’était passé, puisqu’il n’y avait pas eu de sang, pas eu de morts...”

Je me suis interrogée sur la signification de cette appréciation inscrite dans le présent même de l’événement (juin 1968) : s’il s’agissait de “ l’histoire qui s’écrit en lettres de sang ”, c’est à dire d’une comparaison avec les révolutions sanglantes du XIXe siècle ou des manifestations au Mexique en 1968, cette proposition paraissait plausible. Mais que faire aussi des morts survenus en mai-juin 1968, en France ? – sept morts, comptabilisés pour la première fois – et pourquoi n’ont-elles pas été prises en compte ? En quoi leur déni ou leur oubli influe-t-il sur le sens donné au moment 68 ?

À partir de là, une réflexion est née sur l’écriture de l’histoire, à la fois sur ses fondements et sur sa forme narrative. Bien que souscrivant totalement à l’appréciation sur l’emprise des commémorations dans la mémoire de 1968, je me suis interrogée, après beaucoup d’autres, sur les rapports entre histoire et mémoire. Dire avec Pierre Nora que l’événement n’a de sens que commémoratif n’est-il pas une forme de déréalisation du passé ?

Les réponses à mes interrogations, je les ai cherchées en dépouillant la vaste bibliographie consacrée à la période. On trouve des ressources importantes dans les archives départementales (série W, cabinet du Préfet). Pour ces dernières, j’ai fait un choix raisonné d’une dizaine de départements dispersés à travers le territoire, à l’activité dominante industrielle et urbaine (Bouches du Rhône, Isère, Loire-Atlantique, Pas de Calais, Rhône) ou rurale (Aude, Loir-et-Cher, Lozère). Les dérogations pour les archives de l’Etat m’ont été largement accordées et j’ai pu dépouiller près de 180 cartons au Centre des archives contemporaines alors à Fontainebleau. Les archives du ministère de l’Intérieur donnent l’image d’un pays à feu et à sang pendant de longues années, entre 1968 et 1974. Elles m’ont permis de réfléchir à l’influence de la personnalité du ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, sur la vision des Préfets à propos de la situation de leur département. Dans les archives de l’ORTF (archives du Premier ministre), j’ai pu mesurer les audiences des journaux télévisés de mai 1968 et les réactions de téléspectateurs à travers leurs courriers. Dans les dossiers du ministère du Travail, j’ai trouvé une grande partie des débats de la négociation de Grenelle, mais ressenti aussi la difficulté à dresser une statistique des grèves en Mai-Juin 68.

Antoine Prost, dans un article d’un numéro du Mouvement social de 1988 constatait que les recherches n’avaient guère progressé en vingt ans[6].

Antériorité

Pourtant Alain Delale et Gilles Ragache ont publié en 1978 La France de 68. Panorama de « la France des luttes »[7]. L’ouvrage avait le grand mérite de reposer sur une documentation concernant l’ensemble du territoire grâce à un dépouillement systématique de la presse quotidienne régionale. Leurs cartes soulignent l’extension et la diversité du mouvement. Ils sont les premiers auteurs à avoir démontré, grâce à des sources diversifiées et une représentation graphique originale, que le mouvement ne s’était pas strictement limité à Paris et au Quartier latin. Ils font partie des historiens qui se sont essayé à une autre histoire différente dans ses objets, son écriture et ses destinataires. Une nouvelle revue, Le Peuple français, parue de 1971 à 1980 a voulu produire une histoire pour un vaste public, pour le peuple, et à l’écriture lisible par tous. À l’université de Paris 7-Jussieu, des historiens réunis autour de Jean Chesneaux, ont organisé, de 1976 à 1978, un forum Histoire et publié des Cahiers qui relisaient le passé national en opérant une déconstruction de l’histoire traditionnelle.

L’appréciation de 1988 d’Antoine Prost sur « un terrain longtemps déserté » s’applique moins à la période 1968-1978, qu’à la séquence 1978-1988, marquée par l’apogée des thèses sur l’individualisme et l’hédonisme contemporain présentées par Lipovetsky (1983) et reprises par Ferry et Renaut dans La Pensée 68.

Historicité

 La commémoration du « vingtième anniversaire » en 1988 a véritablement enclenché en France l’historicisation de la séquence avec le recours aux sources et aux témoignages. Geneviève Dreyfus-Armand et Laurent Gervereau à la BDIC ont coordonné une exposition et un catalogue, Mai 68. Les étudiants en France et dans le monde, qui permettait de déplacer le regard au-delà de l’Hexagone – opération bénéfique pour une histoire toujours trop franco-centrée –, en éclairant des mouvements connus (les États-Unis, la RFA, le Mexique) et d’autres alors moins célèbres (la Suède, les Provos hollandais). Le regard se déplaçait aussi avant Mai 68 de Nanterre vers la Sorbonne, et vers la province, avec les études sur Caen et Toulouse. Enfin, on assiste à un déplacement chronologique vers le post-68 avec des études sur le mouvement lycéen et le devenir professionnel des « piétons de Mai ».

L’approche générationnelle, avancée dans le titre et “le roman vrai” (Antoine Prost) de deux journalistes Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, a été revisitée dans le numéro spécial de la revue Le Mouvement social de 1988. Une équipe de sociologues, à partir d’une quarantaine d’entretiens réalisés en 1984-1985 dans le cadre d’une enquête internationale, a déterminé les processus de formation d’une génération politique et affirment qu’il n’existe pas une mais deux générations, dont une seule a été réellement faite en et par 1968.

Antoine Prost a lui-même publié dans la revue L’Histoire la première étude générale sur les grèves de 1968, souvent oubliées au profit des manifestations étudiantes[8]. Nicolas Daum dans Mai 68 raconté par des anonymes rapporte les témoignages 20 ans après des membres du Comité d’action du IIIe arrondissement, l’anti Génération d’Hamon et Rotman. Un colloque à l’initiative d’historiennes du centre Malher (CRHMSS, Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme)  et de certaines directions syndicales, publié en 1992 sous le titre 1968. Exploration du Mai français a montré la diversité des « Terrains et des Acteurs » (titre de chacun des deux volumes) – sans prendre en compte les étudiants. Dans son introduction, Antoine Prost a souligné l’absence – dommageable – du mouvement étudiant dans l’histoire de ce moment historique[9]. Dès septembre 1969, l’historien Denis Woronoff avait proposé un programme de recherches dont certains aspects restaient encore à défricher (“ La France du silence ” par exemple). Nous en avons exploré quelques-uns : le rapport Paris/province ou l’impact de la diffusion des nouvelles par la télévision. Robert Frank a aussi expliqué le titre donné au séminaire de l’IHTP “Les années 68 ”par la pluralité des espaces considérés, un de nos buts étant d’examiner les influences réciproques.  L’expression « les années 68 » était présente dans un numéro de 1979 de Cinémaction avec  » leurs branlebas tous azimuts, les états généraux de Paris suivis à Montréal en 1974 par ceux du cinéma militant. »[10]

La collaboration avec l’association Mémoires de 68, a permis d’organiser un séminaire, à l’IHTP (Institut d’histoire du temps présent) pendant quatre ans, de 1994 à 1998, et s’est conclu par un colloque international sous la direction de Geneviève Dreyfus-Armand (BDIC), Robert Frank (Paris I), Marie-Françoise Lévy (IHTP) et Michelle Zancarini-Fournel (Paris 8) avec la collaboration de M. Le Puloch (IHTP) qui a assuré la publication des interventions et des débats du séminaire. Une Lettre d’information mensuelle a fait connaître à la communauté des historiens français, les résultats de recherches en cours[11]. En 1994-1995, nous avons exploré des pistes qui étaient, à cette date, encore embryonnaires – notamment l’importance de la télévision dans l’événement – et nous avons par ailleurs tenu à articuler les dimensions nationale et internationale. Se posait ainsi la question des transferts d’idées, des formes d’organisation et des répertoires d’action entre les espaces nationaux (Allemagne, Italie, États-Unis, Grande-Bretagne).

Historienne de la France contemporaine, je me suis consacrée à l’histoire du moment 1968 en France, tout en étant sensible à cette question de la circulation d’idées et de pratiques et des transferts entre les espaces nationaux. La nouveauté a été d’intégrer l’étude de la crise de mai-juin 1968 dans une période plus longue dont la chronologieprécise était à préciser. J’ai proposé un déplacement de la chronologie sur une moyenne durée.

 Périodicité et chronologies

J’ai proposé dans Changer la vie. Le moment 1968 histoire des contestations en France (mémoire d’Habilitation à diriger des recherches en 1998), une interprétation de lapériodisationen faisant commencer mon étude en 1962 (fin de la Guerre d’indépendance en Algérie) et terminer à l’élection présidentielle de 1981 qui ouvre un autre temps : après l’engagement militant par-dessus les appareils politiques et étatiques et l’utopie de la démocratie directe, commence le temps de la délégation de la capacité d’agir, délégation des protagonistes à leurs représentants et au pouvoir politique. Il ne s’agit pas d’une chronologie univoque qui convienne à tous les champs d’étude de la période et que 1974 est aussi une date-charnière, charnière grinçante, en particulier du point de vue économique et social.  D’autres, postérieurement, ont privilégié une « socio-histoire du temps court » limitée à Mai-Juin 68.

“ La crise de mai-juin 1968 ” – baptisée L’épicentre – occupe une place centrale dans cette périodisation, avec une chronologie de début et de fin couramment admise (3 mai-30 juin). La distinction courante entre crise étudiante (3-13 mai), crise sociale (13mai – 27 ou 30 mai) et crise politique (30 mai-30 juin) gomme la complexité du phénomène face à un État qui, loin d’être monolithique, est sans doute moins démuni qu’on ne l’a dit, mais, surpris dans un premier temps, est incertain et hésitant, voire divisé sur la voie à suivre au moins jusqu’au 30 mai et l’allocution du général de Gaulle sur la dissolution de l’assemblée nationale. D’autre part des décalages et des dissonances perturbent cette analyse trinitaire de la crise. J’ai introduit dans mon découpage interne des chronologies croisées : celle des occupations, l’occupation des universités provinciales et parisiennes (du 13 mai au 11 juillet), comme celle de certaines entreprises (à partir du 14 mai et jusqu’à la fin du mois de juin). Ces chronologies croisées évitent une interprétation schématique et permettent de montrer la complexité et la diversité géographique et sectorielle du moment historique. Enfin, la présentation de l’événement dans la presse écrite et à la télévision est un élément qui sur le champ contribue à la formation de l’opinion, opératoire dans une combinaison entre pratiques et représentations. La soirée du 24 mai devenue emblématique de “ l’émeute ” et de “ la guerre civile ”, représente de ce point de vue un moment majeur et un retournement de l’opinion favorable jusqu’alors aux étudiants. Une incertitude politique subsiste entre le 27 et le 29 mai avec l‘échec des négociations syndicats/pouvoir et du compromis de Grenelle, donc de la voie proposée par Georges Pompidou, – celle d’une cogestion de la crise avec les syndicats -, auquel s’ajoutent les manifestations antagoniques au stade Charléty (le 27 mai avec la CFDT et des socialistes) et celle du parti communiste et de la CGT (le 29 mai). Le 30 mai ne représente plus alors que la fin de la courbe. Le discours du 30 mai n’a pris son importance qu’ultérieurement, après le résultat des élections législatives, d’où l’effacement de l’histoire de juin 1968 et la dénomination de “Mai 68 ”qui s’est imposée au fil du temps. Cette dénomination-périodisation réductrice des expériences sociales individuelles et collectives, mais par ailleurs chargée de sens : elle désigne la période où la nation a été divisée, puis symboliquement réunie après le discours du général de Gaulle qui a ouvert “ le retour à l’ordre ”.

Enfin, dernier apport de mon travail, c’est le questionnement sur l’origine des représentations qui font de “ Mai 68 ” un seul mouvement alors que coexistent, dans le cadre d’une désectorisation sociale des protagonistes, des scènes locales et régionales aux temporalités diverses, parfois en décalage avec la scène parisienne. En fait, la nationalisation de l’événement existe, elle se cristallise autour des journées et manifestations du 13 mai (grève générale avec le slogan « Dix ans cela suffit ») et du 30 mai (manifestation de soutien au général de Gaulle), étapes majeures d’une périodisation nationale qui n’est pas forcément celle de l’expérience et du temps perçu individuellement par les protagonistes.

Défataliser l’histoire ?

La réflexion sur la causalitéa démontré la nécessité de ne pas s’en tenir à une explication monocausale et téléologique et m’a incité à étudier non pas “les origines de la crise de mai-juin 1968”-pour ne pas confondre causalité et succession -, mais Le champ des possibles des années 1960, confronté ensuite au déroulement de la crise de mai-juin 1968. C’est la raison pour laquelle j’ai examiné, tour à tour, dans la première partie qui porte ce titre, des logiques d’action dont toutes n’ont pas eu de postérité  en 1968 : au début des années soixante un espace social et des acteurs sociaux porteurs de changements et d’une rhétorique de la modernité – l’espace grenoblois, laboratoire socio-culturel -, une catégorie sociale construite comme unifiée – la jeunesse – et des groupes sociaux – paysans, ouvriers, étudiants – porteurs de formes d’action inédites. Ces focalisations ont été déterminées afin d’envisager la filiation – ou non – avec les événements de mai-juin 1968 et les mouvements sociaux postérieurs. Dans l’exemple grenoblois, il y a une forme de filiation dans les décisions urbanistiques et culturelles des municipalités Dubedout dont la chronologie recouvre celle des “ années 68 ”, mais les pratiques des acteurs de la modernité grenobloise des années soixante sont complètement en décalage avec celles des militants étudiants d’extrême gauche. De même, si l’on peut voir dans les événements survenus au Mans à l’automne 1967 ou à Caen en janvier 1968 une “répétition générale”, les manifestations violentes des viticulteurs dans le sud-ouest en 1967 n’engendrent aucun effet en mai-juin 1968. Ces choix ont été faits dans le but d’essayer de “défataliser” l’histoire pour reprendre la formule de Ricoeur, passeur lui-même d’une réflexion de Raymond Aron.

De la même façon, je n’ai pas abordé dans la troisième partie intitulée Les contestations, l’ordre et la loi, les “ conséquences de la crise de mai-juin 1968 ”, mais les espaces-temps où se sont manifestés des mouvements sociaux postérieurs en filiation (ou non) avec les aspirations des différents protagonistes en 1968. À côté de « l’insubordination des travailleurs » dans les conflits sociaux dans les entreprises, d’autres mouvements – féministes, écologistes, lycéens – ont donné une figure de contestation permanente aux années post-68. Face à ce désordre rampant, le gouvernement a alimenté par le biais des ministres de l’Intérieur successifs, une sorte de “guerre civile froide” activée par un imaginaire social policier. L’obsession de l’ordre et la hantise du désordre, la volonté de marquage du territoire, de la ville, par un quadrillage policier renforcé sont cependant contraints par le contrôle démocratique exercé par des journalistes, des avocats, des intellectuels et des parlementaires. Dans ce cadre-là, se dessine le passage d’une contestation de l’ordre social “offensive” (à l’usine, dans la famille, au lycée, à l’université, dans les casernes) à une contestation “défensive” qui se veut une résistance : lutte contre le chômage, pour le droit de vivre au pays, ou contre le nucléaire et pour un autre développement.

Pour les mêmes raisons, une périodisation secondaire peut ainsi être introduite  qui discerne deux points de passage significatifs en 1973-74 (perception publique de la crise économique, points de référence que constituent l’occupation de Lip et la résistance du Larzac, effacement progressif ou dissolution des organisations d’extrême gauche et en 1978-79 (effets de la rupture de l’union de la gauche, deuxième choc pétrolier et crise de la sidérurgie avec la résistance massive des sidérurgistes du Nord et de Lorraine).

Cette histoire sociale des contestations a tenté de ne pas s’en tenir aux formes ou aux répertoires d’action, tout en leur donnant une place cristallisée dans l’événement qui fonctionne alors comme un révélateur des logiques individuelles et collectives. Par exemple, la comparaison entre deux moments, en 1975-1976, de la révolte viticole, en Corse et dans le sud-ouest, a montré que, derrière des formes similaires peu courantes dans le second vingtième siècle français en dehors de l’espace colonial (affrontement armé entre manifestants et forces de l’ordre), le devenir de l’événement était d’un tout autre ordre et que ce futur s’ancrait dans un passé plus lointain : le républicanisme languedocien, solidement ancré dans le sud-ouest auprès des populations et des élus est un obstacle au développement d’un régionalisme séparatiste par rapport à la République. La mort d’un manifestant et d’un CRS à Montredon (Aude) le 4 mars 1976 marque l’arrêt de la violence de masse. En Corse, en revanche, naît, après un événement de même type – affrontement armé d’Aléria -, un mouvement clandestin qui inaugure un cycle d’attentats encore ouvert aujourd’hui.

Cette réalité multiforme contraste avec l’image convenue dans la dimension commémorative de « Mai 68 » et d’une révolte étudiante limitée au Quartier latin. De là a germé l’idée de m’intéresser aux modes de connaissance et de diffusion de l’information et de l’usage qui est fait de l’insaisissable et mouvante opinion publique. Cette réflexion est à l’origine d’une étude que j’ai menée avec Marie-Françoise Lévy sur les images vues par les Français en mai-juin 1968, afin de nous interroger sur le poids de ces images sur les imaginaires sociaux. Cette étude permet de comprendre la nationalisation de l’événement alors que la majorité des foyers possède un poste de télévision et reçoit la première chaîne (15% seulement pour la seconde chaîne).

Dans cette historicisation du “moment 1968 ”, la forme du récit – une narration éclatée non linéaire, multipliant les angles d’approche et les points de vue et jouant sur les changements d’échelles – construit une part du sens de l’étude.  

La notion « d’années 68 » (au pluriel) est actée dans une publication en 2000, Les années 68 : le temps de la contestation, est progressivement devenue d’usage courant[12]. Dix ans plus tard, dans L’insubordination ouvrière dans les années 68, Xavier Vigna développe une analyse approfondie du plus grand mouvement social du XXe siècle. Vincent Porhel a mené sur le cas breton une réflexion sur le rôle de la contestation ouvrière et des identités régionale[13]. En 2008, d’autres publications de politistes et sociologues font bouger les lignes en montrant selon l’expression de Boris Gobille la « rupture du consentement » et l’aspect polyphonique des années 68, en multipliant les angles d’analyse, dont les analyses de genre, et en ouvrant sur le transnational[14]. Bien sûr ce bilan est schématique et partiel, mais je voulais poser simplement quelques jalons pour comprendre les nouveautés de la commémoration du cinquantenaire de Mai-Juin 1968 et pour souligner la persistance des idées reçues que de nouvelles publications et des articles de presse ou des émissions radio/télé ont plus ou moins conforté en 2018.

Julie Pagis, avec Mai 68, un pavé dans leur histoire, a reconstitué en 2014 des biographies militantes et tracé de nouvelles voies en mettant en valeur des « micro-unités de générations », exposées différemment à l’événement, qui se sont appliquées de diverses façons à ne pas reproduire l’ordre social à l’identique. En 2015, un numéro spécial des Temps modernes, dirigé par Jean-Pierre Martin, a dressé un état des lieux sur « l’établissement en usine » et a rappelé les liens tissés, au cours de « rencontres improbables », entre ouvriers et étudiants, expérience de plus ou moins longue durée selon les protagonistes et définitives pour quelques-uns. Par ailleurs, en 2016, l’ouvrage Étudiants africains en mouvements. Contribution à une histoire des années 1968 a comblé un manque dans l’historiographie et rappelé qu’il s’agissait d’un mouvement global, planétaire et connecté, compte tenu des liens entre jeunes contestataires européens et africains, en particulier sénégalais. Certains livres ont privilégié le temps court de Mai-Juin 1968.  C’est la chronologie choisie dans l’ouvrage de Ludivine Bantigny, 1968. De grands soirs en petits matins. L’auteure a utilisé (entre autres) les archives de la préfecture de police de Paris, se situant ainsi de plain-pied dans une des caractéristiques de cette commémoration, l’utilisation des archives du pouvoir.

Idées reçues. Nouveaux acquis et perspectives

Les idées reçues ont la vie dure, véhiculées entre autres par les médias. Première idée reçue tout n’a pas été inventé en 2018. Le savoir est cumulatif et partagé depuis plusieurs décennies comme je viens de le démontrer.

Non, 1968 n’a pas été un joyeux monôme étudiant, un mouvement hédoniste et sans violence : il y eut des morts et des blessés. La violence n’a pas été limitée au Quartier latin : cinq des sept morts de la séquence historique ont lieu, dans le courant du mois de juin, en province ou en grande banlieue, en particulier dans et autour des usines d’automobiles.

La grève qui s’est généralisée dans les entreprises et les services publics est le plus grand mouvement social du XXe siècle. Il n’y a pas eu « d’accords » de Grenelle, mais un « protocole d’accord ». Le secrétaire général de la CGT, Georges Seguy a déclaré le 27 mai 1968 à 7H30 sur le perron du ministère des Affaires sociales rue de Grenelle, dans une allocution télévisée (diffusée le soir), « que la reprise du travail ne saurait tarder », mais aussi que ce sont « les travailleurs qui doivent décider » et l’on sait que ces derniers ont refusé, à Billancourt et ailleurs, le « protocole d’accord » de Grenelle, même si des décisions gouvernementales ont acté les discussions sur les augmentations de salaires : 35 % du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti), revalorisation de 10 % des salaires. Non la télévision n’a pas été un écran noir ; il y a eu sans interruption des journaux télévisés au moins à 20 h le soir sur la première chaîne, assurés à partir du 25 mai et de la grève des journalistes, par des non-grévistes et des techniciens grévistes astreints au service minimum[15]. Le mouvement de 1968 ne s’est pas arrêté le 30 mai avec le discours du général de Gaulle.

La commémoration de 2018 a apporté des nouveautés dans le domaine des cultures visuelles, des témoignages et des pratiques du pouvoir[16].

 

Cultures visuelles

La mémoire collective de l’événement 68 est liée intimement aux visuels inlassablement reproduits, surtout les graffiti tagués sur les murs et les affiches de l’Atelier populaire des Beaux-Arts. Après la « prise de parole » analysée par Michel de Certeau dès 1968, plusieurs expositions en 2018 ont souligné l’importance de la culture visuelle articulant des proclamations et des discours, des pratiques et des gestes artistiques. La réflexion s’est focalisée sur les conditions de réalisation des productions visuelles, leur place dans le mouvement artistique caractérisé par la mise en cause du droit d’auteur et de la signature individuelle.

À l’École des Beaux-Arts de Paris, une exposition produite par Philippe Artières et Éric De Chassey, intitulée Images en lutte. La culturelle visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974), a dressé un large panorama de ce moment artistique et politique spécifique. Peintures ou sculptures d’artistes ou de collectifs, archives et périodiques d’organisations, affiches, productions filmiques n’étaient pas signées et souvent soumises à une décision collective. On est frappé par l’importance donnée à la liaison étudiants/ouvriers et au soutien aux travailleurs en grève : « usines universités union », comme le proclamait la première lithographie tirée le 15 mai 1968. On trouve aussi dans l’exposition des références au théâtre improvisé d‘Armand Gatti ou d’Ariane Mnouchkhine, témoins de leurs interventions devant ou dans les usines.

La photographie est au centre d’une autre exposition à la Bibliothèque François Mitterrand intitulée Les images ont une histoire ; elle se penche sur les icônes de mai 68 pour essayer de comprendre comment certains clichés se sont imposés jusqu’à incarner l’ensemble du mouvement. Les deux principales sont le portrait de Daniel Cohn-Bendit réalisé par le photographe Gilles Caron, le 6 mai devant le Conseil de discipline de l’université de Paris (la jeunesse insolente et rieuse face à l’ordre conservateur casqué) et le cliché  de Jean-Pierre Rey d’une jeune femme perchée sur les épaules de Jean-Jacques Lebel le 13 mai, et brandissant un drapeau du FNL sud-vietnamien surnommée la « Marianne de 68 », dans un article du Monde[17]. Ces icônes ont forgé la mémoire historique depuis cinq décennies.

Inédits

Plusieurs films tournés en 1968, interdits, non diffusés ou restés confidentiels ont été montrés soulignant le contrôle de l’information ou les violences policières : Pano ne passera pas, réalisé par deux étudiants de l’IDHEC, « Pano » c’est-à-dire Panorama, le magazine hebdomadaire de la secondechaîne, interdit de passage le 10 mai qui tente de couvrir les événements et d’évoquer les revendications étudiantes envers et contre le ministre gaulliste de l’information. Entre documentaire et fiction, ce film est consacré à la confiscation de l’information télévisée par le pouvoir gaulliste et à la grève de l’ORTF.

Un inédit qui condamne les violences policières contre les manifestations étudiantes : Mai 68 la belle ouvrage, de Jean-Luc Magneron présente en deux heures des témoignages précis sur les matraquages, les gaz, les emprisonnements et les violences de la répression policière face aux manifestations étudiantes. Depuis ses fenêtres de la rue Gay Lussac, un témoin précise : « C’étaient des étudiants. On a parlé de pègre mais c’est difficile à prouver ».

Appel à témoins : souvenirs de personnes ordinaires

Dans la lignée du livre de Julie Pagis, publié en 2014, 68 Un pavé dans leur histoire, qui se demandait, à travers des reconstitutions de biographies, pourquoi et comment les trajectoires individuelles des Soixante-huitards pouvaient entrer dans l’histoire ? Que restait-il de leurs engagements ? Quel a été l’impact de leur militantisme sur leurs enfants ?

Un des aspects marquants de la commémoration du Cinquantenaire a été l’intérêt pour des itinéraires ordinaires et le rejet des personnalités connues (dont la figure de Cohn Bendit représente l’archétype).

Né d’un appel à témoinslancé par le biais de divers réseaux – dont les Éditions de l’Atelier et Mediapart – le livre participatif Mai 68 par celles et ceux qui l’ont vécu, dirigé par Christelle Dormoy-Rajramanan, Boris Gobille & Érik Neveu et paru aux Éditions de l’Atelier le 22 mars 2018, se prolonge par d’autres témoignages.L’appel à une masse de nombreux participants anonymes qui ont (ou non) pris la parole en 1968 dans les grèves, les manifestations les assemblées générales met au jour l’« expérience sensible du politique » selon l’expression de Boris Gobille qui montre le rôle actif des émotions et des affects au croisement de la prise de conscience et de l’engagement. Les textes sont accompagnés de photos, de tracts, un récit polyphonique d’événements à hauteur d’hommes et de femmes de tous milieux, de tous âges, de toutes origines. Les témoignages permettent de mesurer la texture et l’impact des événements, l’extraordinaire dans l’ordinaire du quotidien des personnes de condition sociale et d’âge très variés, employés, ouvriers, enseignants, des militants politiques et syndicaux, des gaullistes, des inorganisés et même des écoliers et des lycéens d’alors.

Les archives du pouvoir

Je vais dans un premier temps évoquer des événements survenus en mai 1967 en Guadeloupe et longtemps occultés, renseignés à partir des archives de l’État (Cour de sûreté de l’État, ministre de l’Intérieur et direction des CRS), et des archives de la Défense (gardes mobiles).

À Pointe-à-Pitre, le vendredi 26 mai 1967, pour protester contre l’échec de négociations salariales menées par des syndicalistes du bâtiment, de jeunes manifestants s’opposent aux forces de l’ordre avec des tirs à vue dans les rues pendant deux jours et deux nuits. On ne trouve dans les archives aucun bilan précis établi par l’État, aucune responsabilité reconnue, même si les noms de huit morts antillais sont évoqués dans des rapports de la hiérarchie policière dès juin 1967 (Commissaire Gévaudan). Soutenus par des meetings et des manifestations par les étudiants parisiens, les inculpés devant la Cour de sûreté de l’État ont été en mars 1968 relaxés ou condamnés avec sursis. En juin 1968 les étudiants antillais présents à Paris sont entrés dans les locaux du BUMIDON et les ont tagués dénonçant « la traite des nègres » et « le colonialisme dans les Caraïbes ».

Les archives inédites du pouvoir et leur apport

Cinquante ans après, les archives du pouvoir sont ouvertes dans leur ensemble. Les archives nationales présentent deux expositions : l’une à Paris démontre comprend comment réagit le gouvernement face aux manifestations et à la grève généralisée, comment il s’efforce d’apporter des réponses politiques, sociales et répressives. La seconde exposition aux Archives nationales à Pierrefitte, en Seine-Saint-Denis (à partir des documents et tracts saisis par la police et la justice chez des militants) est de fait indirectement une archive des organisations contestataires.

Au sein de l’appareil d’État, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde. Le général de Gaulle apparaît plus déterminé à imposer l’ordre que le Premier ministre. Des notes très dures appellent à « reprendre le contrôle de l’ORTF » ou à « évacuer l’Odéon dans les 24 heures ». À Paris, Maurice Grimaud lance fin mai des appels au calme à la police parisienne après certaines violences policières. Le 24 mai on compte les deux premiers morts : côté manifestants, on déplore, à Paris, le premier mort d’un éclat de grenade offensive, Philippe Mathérion. À Lyon, le commissaire de police Lacroix est tué en tentant d’arrêter un camion venu des rangs des manifestants.

Le pouvoir doit aussi maintenir les fonctions vitales de la nation. La pénurie d’essence menace à partir de la mi-mai où ports, raffineries et approvisionnement sont bloqués. Le ministère de l’Industrie met en place un réseau de distribution prioritaire, en accord avec les syndicats et les institutions concernées. Les véhicules de santé, les véhicules alimentaires et d’autres véhicules (pompes funèbres, journalistes, organisations syndicales et politiques) s’approvisionneront dans des stations essence dédiées. À la veille de la Pentecôte, le pouvoir fait escorter les camions-citernes par des militaires : la pénurie est écartée et on l’annonce à la télévision.

Pour pallier la défaillance du service public de la poste, le pouvoir, là encore, s’appuie sur l’armée. » Le courrier officiel et le courrier dit « urgent comme l’acheminement de médicaments, sont pris en charge depuis la base militaire d’Évreux. Un système efficace est mis en place.

Au niveau national, si les administrations ont tenu, le pouvoir politique voire le régime, en revanche, ont un temps paru vaciller. En quarante-huit heures le 27 mai, le pouvoir accorde des concessions importantes sans que le protocole d’accord soit accepté par les salariés – augmentation de salaires de 10 % plus la revalorisation du SMIG.

Le 29 mai, le général de Gaulle disparaît ; on saura plus tard qu’il s’est rendu à Baden-Baden pour s’entretenir avec le général Massu et s’assurer du soutien de l’armée. Lorsqu’il reparaît le lendemain, il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections. Il gracie, le 18 juin, le général Salan et dix autres membres de l’OAS (Organisation armée secrète, pro-Algérie française) et réunifie les droites et l’extrême droite. Fin juin, avec 60 % des sièges de l’Assemblée, la majorité présidentielle est largement confortée par le scrutin.

Pour conclure rapidement, Je ne m’attarderai pas sur la production médiatique de 2018 dans la presse, les chaînes de radio et de télévision où le meilleur et le pire se sont côtoyés. En 2018, l’usage des archives sonores a été très répandu que ce soit à France-Culture, au Centre Pompidou ou même à Europe1 qui s’est enorgueilli de son titre historique de « radio-émeutes ».  De ce fait les étudiants ont repris une place centrale dans la commémoration, avec la focalisation sur la date du 22 mars nanterrois. Autre caractéristique, l’importance donnée à des situations provinciales à Nantes, Marseille, Lyon que reprennent entre autres une série d’ouvrages consacrés aux militant.e.s des années 68 qui s’intéressent surtout à l’après 1968 et aux effets biographiques de l’engagement. Une enquête collective baptisée Sombrero (Sociologie du militantisme, biographies, réseaux, organisations) menée entre 2013 et 2017 par une équipe d’une trentaine de politistes, sociologues et historiens a exploré dans cinq métropoles (Lille, Lyon, Marseille, Nantes et Rennes) trois « familles de mouvements » : le « mouvement syndical ouvrier », la « nébuleuse féministe » et les « gauches alternatives »[18] . Couplées avec les sources écrites disponibles dans les fonds des archives départementales et des sources privées, des sources orales ont été collectées pour réaliser le projet de recherche

Pour terminer, je voudrais affirmer que vouloir, dans un geste de patrimonialisation, commémorer le Cinquantenaire de Mai-68 et envoyer dans le même temps des CRS à Nanterre et dans d’autres universités, comme cela s’est fait en 2018, pose pour le moins question. Une commémoration ne fait sens qu’en écho à une contemporanéité.


[1]Antoine Prost, Douze leçons sur l’histoire, Po1996,page 95.

[2] Michelle Zancarini-Fournel, Le Moment 68, Une histoire contestée Seuil, col. Univers historique, 2008.

[3]Michelle Zancarini-Fournel,“ 1968 : Histoire, Mémoires et commémorations ”, EspacesTemps, 59-60-61, 1995, p.146-156 ; version remaniée d’une communication au séminaire de Luisa Passerini à L’Institut universitaire  européen de Florence le 14 avril 1994.

[4]Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, Le Seuil, tome 1, 1987 “Les années de rêve” et tome 2, 1988 “Les années de plomb”.

[5]Collectif, Mémoires de 68. Guide des sources d’une histoire à faire, Lagrasse, Verdier, 1993, préface de Michelle Perrot. 

[6] Antoine Prost “Quoi de neuf sur le Mai français ? ”,  Luisa Passerini (ed). “Mémoires et histoires de 1968” Le Mouvement social, n°143, avril-juin 1988

[7]. Alain Delale et Gilles Ragache, La France de 68. Panorama de « la France des luttes », Paris, Seuil, 1978 (rééd. 1988).

[8] Republié en 2006 dans Antoine Prost, « Les grèves de mai-juin 1968 » et « les négociations de Grenelle », in Autour du Front populaire. Aspects du mouvement social au xxe siècle,Paris, Seuil, 2006, respectivement p. 233-258 et p. 259-276.

[9] René Mouriaux, Annick Percheron, Antoine Prost, Danielle Tartakowsky (eds), 1968, Exploration du Mai français , tome 1 Acteurs, tome 2 Terrains, L’Harmattan, 1992.

[10] CinémAction,« Cinémas de l’émigration », n° 8, été 1979, p. 6.   

[11]. Voir sur le site de l’UMR SIRICE (université Paris1), les comptes rendus exhaustifs de ces quatre années de séminaire.

[12] Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les « années 68 ». Le temps de la contestation, Paris/Bruxelles, Complexe et IHTP, 2000.

[13] Xavier Vigna, L’insubordination ouvrière dans les années 68 : essai d’histoire politique des usines, Rennes, PUR, 2007. Vincent, Porhel Ouvriers bretons : conflits d’usines et conflits identitaires dans les années 68, Rennes, PUR, 2008

[14] Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 1968, Une Histoire collective, 1962-1981, Paris, La Découverte, 2008. 2ème édition 2018 avec une nouvelle préface. Dominique Damamme, Gobille Boris et al. (dir.), Mai-juin 1968, Paris, L’Atelier, 2008. Boris Gobille, Mai 68, Paris, La Découverte, coll. Repères, 2008. Michelle Zancarini-Fournel, Le Moment 68, une histoire contestée, <sauil, coll. l’Univers historique, 2008.  Vincent Porhel et Michelle Zancarini-Fournel (dir.), « 68, révolutions dans le genre ? », CLIO, Histoire, Femmes, Sociétés, 2009, n° 29.

[15] Marie-Françoise Lévy et Michelle Zancarini-Fournel, « La légende de l’écran noir. L’information à la télévision dans la crise de mai-juin 1968 », Réseaux, n°90, juillet-août 1998, p. 95-117.

[16] Les informations qui suivent ont été développées dans Michelle Zancarini-Fournel  » Le paysage se cambre. 
Publications autour du cinquantenaire de 1968″,  Genèses, 
2019/3 n° 116 | pages 111-124.

[17] Le Monde du 21 août 1997 et du 24 février 1998 sur l’histoire de la photographie et celle de la jeune femme, alors mannequin, appartenant à une riche famille allemande : Caroline de Bendern fut déshéritée à la suite de ce cliché. 
Maurice Agulhon reprend l’expression dans Les Métamorphoses de Marianne, Paris, Flammarion, 2001, p.245-247.

[18] Collectif de la Grande Côte, Lyon en lutte dans les années 68. Lieux et trajectoires de la contestation, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2018. Collectif Sombrero, Olivier Fillieule, Isabelle Sommier, Sophie Béroud et Camille Masclet (dir.), Changer le monde, changer sa vie. Enquête sur les militantes et les militants des années 1968 en France, Arles, Actes Sud, 2018.


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