Nantes en commun : la grande réappropriation
Lorsque naît, en 2018, le mouvement Nantes en commun, c’est avec cette ambition : nous réapproprier les savoirs sur notre ville pour nous réapproprier le pouvoir de la changer. Nous n’étions pas une avant-garde éclairée, ce que nous avions compris sur notre ville et sur le capitalisme nous l’avons compris par l’expertise sur notre propre quotidien, par notre curiosité et par nos discussions. Rien d’exceptionnel. Tout le monde peut le faire mais il faut créer les espaces et les occasions pour que cela se produise, ainsi commence « Nantes en commun ».
Grandes dépossessions
Nous sommes habitués à ce que le monde dans lequel nous évoluons au quotidien soit remanié et cadré par des forces qui nous dépassent. Cette dépossession prend des formes très concrètes. Un matin nous nous réveillons et nous apprenons que des puissances dont nous ignorons presque tout ont le pouvoir de faire du quartier que nous habitons, parcourons, aimons et soignons depuis des années, voire des décennies, une tout autre réalité. Cela peut aller de la simple modification de la vue que nous avons depuis notre balcon à la destruction pure et simple de notre logement. La ville n’est pas aux mains des habitants car ce n’est plus un sujet politique depuis longtemps : les villes, comme presque tout, sont devenues un sujet économique.
Depuis 2015 et la formalisation juridique du statut des métropoles, les espaces de la vie quotidienne et de la politique fondamentale qu’étaient les communes se sont retrouvés vidés de leur contenu politique. Il ne s’agit plus que de construire de vastes ensembles administratifs guidés par l’unique raison économique ce qui, en ce qui concerne de tels territoires, correspond à l’objectif du développement urbain et de l’attractivité économique pour favoriser les investissements et le profit des entreprises. La ville n’est plus un espace de co-habitation, d’élaboration du vécu au jour le jour mais est devenu, d’une certaine façon, une entreprise en soi, ou plutôt une marchandise, destinée à se vendre aux investisseurs.
Ce phénomène de marchandisation des espaces urbains, ou « métropoles », a un nom : la métropolisation. De nombreux travaux ont pu décrire longuement les effets concrets de ce phénomène : concentration des capitaux, économiques comme culturels, en de gros centres urbains, exclusion des classes laborieuses en périphérie, augmentation du trafic routier, explosion des prix de l’immobilier, désertification des campagnes, etc.
Il ne faut pas interpréter ce phénomène de métropolisation comme une fatalité économique et politique incontrôlée. En vérité, ce processus est le fruit de politiques volontaires. Une volonté d’étendre le champ du monde économique, de marchandiser toujours davantage les espaces et le temps et de faire des villes de véritables machines rentables et compétitives à l’échelle du marché international. Et, alors que le champ économique est étendu, le champ du politique, c’est-à-dire aussi celui de la démocratie, est réduit. Les espaces de délibération, de pouvoir habitant et de confrontation politique sont réduits au minimum (voire purement et simplement abolis quand cela est possible) pour ne laisser davantage de place qu’à une machine administrative et technocratique opaque et éloignée du commun des mortels.
Le phénomène de métropolisation est l’une des illustrations d’ampleur les plus récentes et saisissantes du mécanisme de dépossession inhérent au système capitaliste lui-même. De l’appropriation des terres par les grands propriétaires lors des enclosures au XVIe siècle à l’appropriation des modes de production et marchandisation des moyens de subsistances par les grands industriels du XIXe siècle jusqu’à la marchandisation de nos vies et de nos villes aujourd’hui : le système capitaliste est une terrible œuvre de dépossession du monde. Chaque chose devient une marchandise et nous nous retrouvons coupés du monde : dépossédés de la capacité à agir librement dessus, à agir pour répondre à nos besoins nous-mêmes, à œuvrer pour décider nous-mêmes de nos destinées collectives. Tout cela nous est interdit car la raison économique s’impose, que les institutions technocratiques nous conduisent et que le travail nous occupe.
La métropolisation, dès lors que l’on interprète ce phénomène comme ce qu’il est : c’est-à-dire une marchandisation des villes, nous pouvons y voir l’une des formes les plus ostentatoires de l’essor du capitalisme. En ces immenses pôles urbains se concentrent ce que le capitalisme produit de plus désastreux : privatisations, technocratie, autoritarisme politique, surveillance et violence policière, inégalités sociales criantes, pollutions, criminalité… Les métropoles concentrent en miniature ce que le capitalisme produit à l’échelle planétaire.
Quand habiter devient révolutionnaire
Si les villes, plus largement les aires urbaines et leur lot de banlieues et couronnes périphériques dépendantes, sont les espaces où le capitalisme se manifeste de la façon la plus aboutie et visible, alors, il est possible d’aussi envisager ces espaces comme des endroits propices à la révolution. Le capitalisme laisse derrière lui une multitude de brèches : des objets ou des espaces oubliés ou encore dédaignés par le marché. Depuis toujours, ces brèches sont les scènes de la réappropriation du pouvoir par les classes populaires. Lorsqu’un besoin n’est pas pourvu par les services de l’Etat ou du marché, les habitantes et les habitants ont toujours su s’auto-organiser pour y répondre, et bien souvent de façon démocratique et non-marchande. Là se pose la substance fondamentalement révolutionnaire du fait d’habiter. Il s’agit d’une disposition du sujet qui fait de lui l’acteur du réel, un sujet actif de son monde vécu. Habiter c’est être partie prenante d’un éco-système social, c’est vivre une ville, en prendre soin, y cultiver des relations, y développer des affects, la construire, la protéger, la décorer, la nettoyer… Les habitants sont cette classe laborieuse de la ville, telle une usine hors les murs et hors l’aliénation, incluant toutes ces populations invisibilisées par le marché du travail capitaliste qui pourtant œuvrent et agissent au quotidien pour faire vivre la ville.
Habiter est l’antagonisme de consommer ou d’investir, financièrement, la ville. Il existe une opposition politique entre celles et ceux qui habitent la ville, la font et en prennent soin, et celles et ceux qui la consomment, l’investissent, l’achètent, la vendent, l’usent et la détruisent. Il faut faire vivre cet antagonisme, il faut rompre avec les institutions technocratiques qui anesthésient le conflit et étendent partout, à chaque quartier, à chaque rue, les logiques économiques du capitalisme, c’est une des conditions pour faire vivre la démocratie.
Malheureusement, il nous faut faire un constat amer. Nous avons aussi été dépossédés de nos savoirs d’habitants. L’auto-organisation populaire, jadis courante, était possible car le monde vécu était surtout fait de choses simples, facilement appropriables et que tout, dans la vie quotidienne, nous poussait à acquérir par l’expérience ces savoirs vernaculaires. Aujourd’hui, nous en sommes privés. Nous sommes privés du loisir de comprendre facilement par nous-mêmes tant les systèmes sont devenus complexes. Nous sommes privés du droit d’apprendre tant les informations sont dispersées et opacifiées. Nous sommes privés, et c’est peut-être là le plus grave, du pouvoir de partager nos savoirs tant le temps nous est contraint par le travail.
La réappropriation des savoirs
Lorsque naît, en 2018, le mouvement Nantes en commun, c’est avec cette ambition : nous réapproprier les savoirs sur notre ville pour nous réapproprier le pouvoir de la changer. Nous n’étions pas une avant-garde éclairée, ce que nous avions compris sur notre ville et sur le capitalisme nous l’avons compris par l’expertise sur notre propre quotidien, par notre curiosité et par nos discussions. Rien d’exceptionnel. Tout le monde peut le faire mais il faut créer les espaces et les occasions pour que cela se produise, ainsi commence « Nantes en commun ».
Pour permettre aux habitants de se réapproprier leur ville et leurs vies, nous avons lancé un vaste processus d’enquêtes habitantes. Le principe était simple : organiser des soirées de discussion dans toute la ville et, munis d’une grande feuille blanche, de post-it et de crayons, nous invitions les habitantes et habitants présents à s’interroger sur leur quartier ou sur l’un des aspects concrets de leur vie quotidienne (les transports, le logement, l’eau, l’énergie, etc.). De là, selon une méthode toujours identique, nous établissions collectivement les enjeux, des constats, nous partagions des inspirations et nous aboutissions à des propositions concrètes.
Ces enquêtes permirent un premier succès, celui de la mobilisation. Rapidement, ce sont des centaines, puis des milliers d’habitantes et d’habitants qui y prirent part. Nous avions – en partie – trouvé un remède à l’apathie générale. Dans l’époque post-politique que nous vivons, il semble impossible de mobiliser les gens et de propulser des collectifs agissants. Mais, lorsque l’on s’éloigne des signifiants trop symboliques, trop vastes, trop associés à des expériences passées malheureuses ou éloignées des réalités matérielles des gens, nous pouvons obtenir la mobilisation populaire. Hasard de l’histoire, notre processus d’enquêtes habitantes fut initié presque au même moment qu’éclata la révolte des gilets jaunes, elle aussi notablement basée sur des préoccupations matérielles et quotidiennes.
Après deux ans d’enquêtes, nous avons abouti à un corpus de constats et de propositions concrètes qui n’avaient rien à envier aux rapports des « experts » technocratiques. En vérité, nous aboutissions même à des résultats plus éclairés et plus éclairants car fondés sur une forme d’expertise particulièrement robuste, celle que nous avons nommée : l’expertise habitante.
Voilà le premier pilier de la stratégie, à l’instar des mouvements ouvriers du siècle dernier, la valorisation et la diffusion des savoirs est primordiale. Au-delà des enquêtes habitantes qui ont permis la mobilisation de toute une partie de la population jusqu’alors éloignée du militantisme, le mouvement met en œuvre des outils pérennes pour former des militants autonomes car capables de comprendre et critiquer le monde. Ainsi, nous reconstruisons de nouveaux lieux d’élaboration et de partage des connaissances et des savoirs. Des lieux populaires propices aux rencontres et à l’auto-organisation comme des cafés associatifs, des lieux de recherches et de formation comme une école autonome (l’Institut Nantais d’Etudes et d’Action) mais aussi un média afin de nous réapproprier notre capacité à construire nos propres représentations collectives de la réalité.
Commun.e.s : reconstruire nos propres institutions
Si nous avons été dépossédés des savoirs nous sommes aussi nombreuses et nombreux à être dépossédés du sens de la politique. La politique telle que nous l’entendons serait cette sphère particulière à la fois en dehors de l’Etat et en dehors de l’économie. Une sphère qui ne répondrait qu’à la loi de la controverse, de la délibération et de l’espace public où naissent les représentations communes et les lois collectives. La sphère où le poids des structures pourrait être remis en cause. Bref, la sphère d’auto-institution permanente de la société. Les institutions régnantes nous bercent dans un monde dépolitisé où règnent l’autorité étatique et les lois économiques. Les institutions ne sont plus des espaces politiques et elles ont perdu toute légitimité démocratique. Le taux d’abstention grandissant à chaque nouvelle élection, la désertion des partis et des syndicats, la méfiance généralisée envers les discours et les acteurs politiques : tout cela forme des signes qui laissent voir la détestation profonde et partagée contre la politique. Si les institutions, et ceux qui concourent à leur contrôle, sont vilipendés par la population, il ne suffit plus de construire de nouvelles machines de guerre électorale, de faire revenir les classes populaires au vote et de tout miser sur la conquête des institutions pour espérer, ensuite, transformer la société. Les institutions font partie du problème. Elles en sont même au cœur. Le capitalisme n’est pas qu’un mode de production et les institutions (les institutions étatiques formelles comme les institutions économiques, sociales…) n’en sont pas déliées. Est-il alors envisageable de mener des politiques anticapitalistes et écologistes par le truchement d’institutions devenues consubstantiellement capitalistes ? Si le scénario de la reprise institutionnelle semble compromis, nous pouvons développer celui de la reprise constitutionnelle : reconstituer nos propres institutions populaires en dehors du marché capitaliste et en dehors de l’autorité étatique. Voilà le deuxième pilier de la stratégie de réappropriation habitante que met en œuvre Nantes en commun. Ainsi, depuis 3 ans, à l’échelle de Nantes, se reconstituent les institutions fondamentales pour l’auto-gouvernement de nos moyens de subsistance. Reconstitution d’un système énergétique écologiste avec le fournisseur d’énergie associatif « Énergie de Nantes », reconstitution d’un système de l’alimentation locale avec un commun agricole « Commun Champ », reconstitution d’un système du logement collectivisé avec une coopérative immobilière, reconstitution d’un système de santé socialisé avec des centres de santé et ainsi pour chaque besoin fondamental. Chacun de ces communs – dont certains sont en cours d’élaboration – de subsistance ouvre de nouveaux espaces d’autonomie en dehors du capitalisme et de l’Etat tout en redonnant aux habitantes et habitants le sens de la politique et de la démocratie. De ces espaces autonomes renaissent des communautés politiques douées de puissance et de la conscience de cette puissance. Mis en réseau, sous la forme, par exemple, de mutuelles intégrales, ces communs de subsistance, tel des services publics locaux et démocratiques, constituent le socle d’une nouvelle citoyenneté sociale : une citoyenneté qui ne serait plus une simple étiquette dénuée de substance mais, au contraire, un statut matériel, social, civique bien palpable car lié à une communauté d’action et d’usage concrets d’habitantes et d’habitants constructeur-soigneurs-usagers de leurs moyens de production et de subsistance. Cette communauté politique et démocratique née de ces contre-institutions populaires auto-instituées n’est rien de moins que la Commune telle que les communards pouvaient la rêver il y a 151 ans et telle qu’elle exista par bribe dans l’histoire d’Athènes à nos jours, en passant par les communes libres d’Italie ou de la Révolution française. A terme, ces espaces d’autonomie ont vocation à grandir. Alors ils entreront en confrontation de plus en plus directe avec les institutions capitalistes jusqu’à, là est l’objectif, les supplanter.
Luttes locales : reconstruire notre puissance politique
Face à la confrontation qui vient, la meilleure défense est l’attaque. Voilà l’ultime pilier de la stratégie communaliste. La naïveté qui a pu aveugler certains mouvements par le passé ne doit plus obscurcir notre vision stratégique : le capitalisme et l’Etat ne se laisseront pas concurrence et supplanter sans réaction. Cela peut sembler évident, mais construire des contre-institutions et des espaces d’autonomie ne suffira pas car dès l’instant où ces espaces deviendront réellement puissants, qu’ils mettront en action des milliers de personnes et qu’ils se réapproprieront des pans significatifs des moyens de production et de subsistance, les institutions régnantes réagiront pour, soit les détruire soit les assimiler. Le capitalisme et ses institutions ne sont pas sans failles. Il est possible de les freiner dès maintenant. Le mouvement communaliste, tel que le construit Nantes en commun à Nantes, doit être le moteur de luttes locales avec un crédo clair : stopper la casse écologique et sociale et ouvrir la voie à des victoires accessibles ici et maintenant. C’est là que se situe la puissance du local : c’est une échelle du vécu. Vécu concret des destructions menées par le système capitaliste, vécu des liens de solidarité entre habitant.e.s, vécu de la puissance collective à chaque nouvelle victoire. Ainsi se mène la réappropriation de la politique. Lorsque les militant.e.s les plus impliqués de Nantes en commun apprennent l’existence, par exemple, d’un grand projet immobilier qui incarne à la fois l’étalement urbain et l’exclusion des pauvres, la tâche est de partir à la rencontre des habitant.e.s du quartier concerné. Bien souvent, s’y trouve des personnes saisies par le sentiment de dépossession décrit précédemment et, bien souvent aussi, les colères s’expriment en des termes très individualisés : « je ne veux pas d’une tour près de mon jardin », « cela va faire plus de voitures dans ma rue ». Parfois, se glissent des bribes de conscience collective : « je vois la destruction du quartier où j’ai grandi », « la Mairie détruit les immeubles en même temps que les liens que nous avions tissé entre voisins ». Ces colères individuelles et horizontales connaissent une fabuleuse transformation au fil de la pratique collective de la lutte. Petit à petit, les colères se verticalisent : l’adversaire n’est plus le voisin mais l’institution, l’enjeu n’est plus son jardin mais la justice sociale et écologique. En transformant leur monde, les habitant.e.s se transforment eux-mêmes. Voilà la puissance de la lutte.
Confrontation finale : reconstruire une force politique autonome
Les luttes locales attaquent le capitalisme et ses institutions à leurs chevilles. Au fil de l’intensification des crises écologiques et sociales, il est tentant d’affirmer que le capitalisme est un colosse aux pieds d’argile, il est donc avisé d’en attaquer les chevilles. Mais le colosse risque de nous écraser à la seconde où il se sentira déséquilibrer alors, à l’instar des lilliputiens renversant Gulliver, il faut dès maintenant aussi partir à l’assaut de la tête. Nantes en commun n’est pas un mouvement unique, de nombreuses autres constructions politiques communalistes et démocratiques naissent partout dans le monde et en France depuis plusieurs années. Par le monde, ce sont les expériences démocratiques du Chiapas (Mexique) et du Rojava (Syrie) qui offrent les avancées les plus saisissantes. Les États mexicain, syrien et turc ne manquent d’ailleurs pas de leur porter atteinte. En France, il y a aussi ces espaces d’autonomie politique : la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le syndicat de la Montagne limousine, la coopérative intégrale du Haut Berry, etc., pour n’en citer que quelques exemples notables. Il existe aussi une ébullition démocratique qui s’est expriméz de multiples fois ces dernières années, en des formes bien diverses, comme le mouvement Nuit debout, la révolte des gilets jaunes, l’émergence des mouvements municipalistes aux élections municipales, etc. Cette ébullition est difficile à saisir mais de ce magma naissent les expériences telle que Nantes en commun. Tous ces espaces d’autonomie et ces mouvements prennent place dans le carcan du capitalisme français et de ses institutions étatiques. Alors, au fil des luttes locales, les discours montent en généralité et les liens se créent entre les différentes constructions autonomes sur tout le territoire national. De nouveaux espaces de discussions naissent, un corpus intellectuel commun se construit. De nouveaux systèmes d’entraide se pensent, un mouvement national prend de l’élan. Ce qui se construit répond aussi à la nécessité de construire une force politique populaire et démocratique radicale, d’ampleur nationale, et indépendante des constructions politiques parlementaristes. Ce n’est pas par un vain souci de pureté que cette nécessité existe – indépendance ne signifie pas rupture –, mais les forces parlementaristes peuvent rester prisonnières d’agenda politiques piégeux et de principes institutionnels incapacitants. En outre, l’élection reste un outil saisi par moins de la moitié de la population. L’émancipation populaire passe par des organisations indépendantes des contraintes institutionnelles aptes à mener les transformations sociales et écologiques radicales nécessaires. Un jour, les communs et les mutuelles intégrales formeront le solide tissu de services publics démocratiques et anticapitalistes concurrençant les institutions d’Etat. Un jour, peut-être, les multiples expériences communalistes se fédéreront en une nouvelle force politique d’ampleur nationale capable de porter d’elle-même une contre-hégémonie démocratique et anticapitaliste. Entre-temps, de nouvelles victoires continueront à faire reculer le capitalisme. Dans les villes, les institutions métropolitaines autrefois vectrices du capitalisme le plus féroce seront conquises par les forces démocratiques et elles deviendront l’ironique outil de la révolution communaliste.