menu Menu
Maid, ou l’illustration du cycle des violences conjugales
Au 6 décembre 2024, 128 féminicides ont eu lieu dont 90 féminicides par un conjoint ou ex-conjoint. Cet article a pour objectif, à partir de la série Maid sortie en 2021 et qui servira d’illustration, de comprendre comment le cycle des violences s'installe dans un couple, comment il fonctionne, et comment il tue. Les violences conjugales sont des violences patriarcales.
Par Amandine Collin Publié in #6 L'empire masculin, #POSITIONS le 16 décembre 2024 40 min de lecture
Précédent Au cœur du contrôle du corps des femmes : la norme gynécologique Suivant

Maid, ou l’illustration du cycle des violences conjugales

Psychologue clinicienne depuis huit ans, je n’oublierai jamais la première patiente qui démarra avec moi une thérapie pour se réparer de l’enfer que son conjoint lui avait fait vivre durant de longues années et qui perdurait toujours même après leur séparation. Cette femme d’une cinquantaine d’années me décrivit les violences subies avec une telle intensité qu’il m’arriva de croire, un instant, qu’elle les avait inventées. Mais pourquoi inventer un tel récit ? Pourquoi mon premier réflexe a-t-il été de douter de sa parole ? Cette femme, bien apprêtée, insérée socialement, ayant une vie professionnelle, des enfants, une maison, sachant s’exprimer avec précision, cultivée et diplômée, française, blanche, venant d’une famille et d’un milieu social de la classe moyenne venait briser les aprioris que la société tentait de me (nous) faire croire sur les violences commises au sein du couple et de la famille. Jeune diplômée à cette époque, je fis au mieux pour l’accompagner et décortiquer les mécanismes de l’emprise et des violences conjugales avec les outils qui existaient alors. De là est née mon envie de poursuivre ma profession dans l’accompagnement des femmes victimes de violence. J’ai alors exercé pendant deux années dans un centre d’accompagnement spécialisé dans les violences faites aux femmes et aux enfants. Aujourd’hui, cette problématique reste au centre de ma pratique et je ne doute désormais plus jamais de la parole d’une femme ou d’un enfant quand des violences sont révélées.

Cet article a pour objectif, à partir de la série Maid qui servira d’illustration, de comprendre en quoi les violences conjugales sont des violences patriarcales. Maid est une série sortie en 2021 et créée par Molly Smith Metzler. Elle est inspirée du livre autobiographique de Stéphanie Land, Maid : Hard Work, Low Pay and a Mother’s Will to Survive, dans lequel elle aborde la période où elle quitta le père de ses enfants et exerça en tant que femme de ménage. Elle y raconte les conditions de travail dans ce métier ainsi que le laborieux système d’aides et de logements d’urgence aux Etats-Unis pour personnes en situation de grande précarité. La série traite de cette problématique mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse dans cet article, d’un parcours de sortie des violences conjugales d’une jeune mère, Alex, et de sa fille de deux ans, Maddy.

Lors du premier épisode, Alex quitte le domicile conjugal dans la nuit pour fuir Sean, son conjoint et père de Maddy. Elle et sa fille se retrouvent alors sans logement ni ressources financières.

Tout au long de cette série qui comprend 10 épisodes, on découvre les différentes étapes de la relation d’Alex et Sean : leur rencontre, la mise en place puis la sortie des violences conjugales jusqu’au début de ce qu’on pourrait appeler la « reconstruction/réparation » d’Alex. La série retrace avec justesse les différentes difficultés et processus auxquels sont confrontées les victimes de violences conjugales et leurs enfants : la prise de conscience et la pluralité des violences, l’installation et le cycle des violences créant emprise et ambivalence chez les femmes victimes, ainsi que le système judiciaire et le système social souvent peu adaptés et pouvant constituer une autre forme de violence.

Violences conjugales, de quoi parle-t-on ?

Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, la violence conjugale désigne « tout comportement qui, dans le cadre d’une relation intime, cause un préjudice d’ordre physique, sexuel ou psychologique, notamment les actes d’agression physique, les relations sexuelles forcées, la violence psychologique et tout autre acte de domination ». Dans cet article, nous prenons le parti de parler des auteurs de violences conjugales en tant qu’hommes, et des victimes en tant que femmes, car selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur dans près de neuf cas sur dix le mis en cause est un homme et dans près de neuf cas sur dix la victime est une femme. Les violences conjugales sont donc l’expression d’une domination des hommes sur les femmes. On parle de violences conjugales même lorsque les conjoints sont séparés car elles perdurent généralement après la séparation.

Lorsque l’on parle de violences conjugales, il faut différencier les violences conjugales du conflit de couple. Dans le conflit conjugal, les partenaires sont sur un même plan d’égalité, chacun peut à tour de rôle être à l’origine du conflit. Alors que ce qui caractérise les violences conjugales est l’asymétrie entre les conjoints. L’homme est systématiquement au déclenchement de la situation de violences et ce pour n’importe quel prétexte. A chaque épisode de violences, l’objectif pour l’auteur est de confirmer un peu plus sa domination sur la victime.

Depuis quelques années, grâce aux différents mouvements dénonçant les violences sexistes et sexuelles, le thème des violences conjugales a gagné de l’écho médiatique. Pour autant, ces violences restent encore mal repérées car mal comprises. Il est fréquent de rencontrer des femmes disant ne pas vivre de violences au sein de leur couple puisque la seule violence existante serait la violence physique. De plus, on entend encore trop souvent dans le langage courant le terme « femmes battues » plutôt que « femmes victimes de violence », faisant perdurer cette idée que toute violence est nécessairement physique. Au début de la série, Alex rencontre une assistante sociale afin de trouver des solutions d’hébergement. Pour expliquer la raison de son départ du domicile, elle raconte que Sean boit régulièrement, qu’il « pète les plombs », frappe dans les murs ou lance des objets et que la veille elle a eu peur. L’assistante sociale lui demande si elle a déposé plainte, Alex répond négativement, l’assistante lui propose alors de le faire, car cela pourrait lui permettre d’accéder à un hébergement pour femmes victimes de violences. Alex hésite, craignant de prendre la place d’une « vraie » victime selon ses mots, et ajoute qu’elle n’a pas été frappée. En retour l’assistante sociale lui demandera alors : qu’est-ce qu’une fausse victime ? Celle qui vit de l’intimidation, de la menace, du contrôle ?

En cas de violences conjugales, les femmes ont tendance à parler de ce qu’elles vivent à leur entourage ou bien à un professionnel après à un élément déclencheur : un passage à l’acte plus repérable – voire légitime – que d’habitude ou lorsque la femme s’est sentie en danger jusqu’à parfois craindre pour sa vie. Ici, Alex part car elle dit avoir eu peur et surtout car leur fille, Maddy, a assisté à la scène de violence et a reçu des bouts de verre du plat que Sean jette au-dessus de sa tête. Le facteur déclenchant ici est Maddy mais Alex met l’emportement de Sean sur le compte de l’alcool et ne voit pas encore les violences en tant que telles. Cependant que plusieurs types de violences coexistent déjà depuis longtemps. Comme Alex, les femmes ont souvent peu conscience des violences préexistantes à l’élément déclencheur.

Dans le cas bien précis de la série, mais c’est représentatif d’une partie des hommes auteurs de violences, Sean a une problématique alcoolique qui rend ses violences encore plus difficiles à discerner pour Alex. Il est fréquent que les femmes victimes de violences pensent que leur conjoint n’est pas violent mais que c’est l’alcool qui le rend violent puisque à jeun il est gentil, calme, bienveillant. Pour autant, la violence vient bien de lui (sinon, pourquoi tous les hommes qui boivent ne sont-ils pas violents ?) et on considère que l’alcool est un facteur aggravant et non pas une excuse. Les hommes justifient parfois leurs comportements par « j’avais trop bu, je sais que je suis allé trop loin » ou ils disent qu’ils ne se souviennent pas de ce qu’il s’est passé. L’alcool invisibilise donc souvent les violences conjugales et constitue un facteur de retardement de la prise de conscience des violences subies pour la victime.

On comptabilise généralement six types de violences différentes : physique, psychologique, verbale, sexuelle, économique et administrative.

La violence physique est la plus repérable car elle est la plus visible et la plus connue. L’intégrité corporelle et physique de la personne est mise en danger et les conséquences peuvent être importantes sur sa santé. Cela peut aller d’une bousculade à des étranglements, une séquestration, en passant par des coups, des brûlures ou tirer la personne par les cheveux, la faire tomber, la menacer avec un couteau, etc. Certains hommes pensent à ne pas laisser de traces sur le visage, ou les zones visibles par l’entourage. La violence physique n’est pas systématique dans les situations de violences conjugales et il arrive qu’elle ne se manifeste que quand le conjoint constate que sa compagne n’est pas totalement sous son contrôle. Cette violence peut être plus facile à prouver que les autres si elle est constatée rapidement par un médecin ou lors d’un dépôt de plainte.

Cependant, les violences physiques peuvent aussi être indirectes, la femme n’aura pas de « traces » visibles sur le corps, mais sera hanté par la peur de mourir ou d’être en danger. La conduite automobile du conjoint peut constituer une forme de violence indirecte et un moyen pour lui de rappeler son contrôle : ce dernier va conduire très vite ou dangereusement en présence de sa compagne voire de leurs enfants. Cela engendre une peur extrême pour son intégrité physique et celle de ses enfants qui vient confirmer la domination de monsieur. Cela produit la signification suivante : « je décide de ce que je fais de vos vies. ». Une autre violence que l’on retrouve assez fréquemment et qui témoigne d’une dangerosité du conjoint est la violence sur les animaux de la famille. J’ai connu plusieurs femmes témoignant du fait que leur conjoint faisait régulièrement du mal aux animaux – voire pouvait les tuer – devant les membres de la famille, installant un climat de terreur. D’autres laissent des armes (fusil, couteaux…) à proximité ou au-dessus du lit conjugal ou font dormir leur compagne par terre au pied du lit ou devant la porte d’entrée sur le tapis, l’empêchent de rentrer au domicile en la laissant à la porte, etc. Dans la série, Sean envoie un plat au-dessus de la tête d’Alex qui reçoit des éclats de verre. A ce moment-là, elle ne perçoit pas cet acte comme de la violence directe puisqu’il ne la frappe pas mais elle ressent néanmoins de la peur face au risque d’une menace de violence physique.

La violence psychologique se caractérise par du chantage, des menaces, de l’humiliation, de la dévalorisation, de la responsabilisation : « si j’agis comme ça c’est parce que tu as fait telle chose, c’est de ta faute ». Le conjoint amène sa compagne à se dévaloriser voire à se croire inadaptée. Il peut l’amener à lui faire penser que tout son entourage est toxique afin de l’isoler. Il peut aussi victimiser face à son entourage : « ta sœur ne m’aime pas, je le vois, elle ne supporte pas ce qu’on vit ». En général, l’auteur déformer une situation ou une information pour faire douter sa victime. On parle alors de gaslighting ou « détournement cognitif », comme une forme de manipulation mentale de l’auteur envers sa victime. Celui-ci va nier un événement qui vient de se produire ou bien faire croire à la victime qu’elle a mal compris : « tu te trompes », « qu’est-ce que tu racontes, je n’ai jamais dit/fait ça », ou il va minimiser la situation : « tu prends les choses trop à cœur » jusqu’à parfois lui faire penser qu’elle est folle. Certains conjoints peuvent délibérément déplacer des objets ou mettre en scène des situations dans le but de désorienter leur victime et pouvoir renforcer cette idée. La victime est alors dans une forme de brouillard, elle est désorientée et n’a plus l’impression de savoir discerner le vrai du faux et petit à petit rejoint l’avis de son conjoint : « je dois être folle, c’est vrai, pourquoi je me mets dans cet état ? ». Il arrive que certaines femmes viennent rencontrer un professionnel de santé pour vérifier leur état psychologique.

Les mécanismes de contrôle de la part des auteurs de violences conjugales peuvent aller très loin jusqu’à totalement conformer leur compagne à leurs désirs : contrôle de son apparence, de son maquillage, de sa façon de se comporter et de s’adresser aux autres, à qui elle a le droit ou non de s’adresser. Cela peut s’étendre jusqu’à ses déplacements en installant des logiciels espions, de balises GPS, de caméras de surveillance ou en détournant l’utilisation de certaines applications utilisant la géolocalisation.

La violence psychologique est la violence la plus pernicieuse car elle est plus difficilement repérable et qu’elle a des conséquences toutes aussi graves, si ce n’est davantage, que la violence physique. En termes de santé, elle peut conduire à la dépression, à l’anxiété, à des consommations d’alcool ou autres drogues, au manque de soin (ne plus aller chez le médecin, ne plus se nourrir ou y être empêchée, etc.) et parfois au suicide.

La violence verbale est rarement isolée et accompagne souvent la violence psychologique. Le conjoint va insulter sa compagne, se moquer d’elle, parler fort ou changer de ton pour l’intimider, ou au contraire ne plus lui parler.

La violence sexuelle se manifeste par des comportements d’assujettissement du corps de la femme à son conjoint. Cela peut se manifester par des remarques ou des agressions sexuelles, des pressions liées au sexe, du dénigrement : « t’es trop prude » ou inversement : « t’as couché avec tous les hommes du quartier » ; ou une obligation de visionner du contenu pornographique ou d’accepter que les rapports sexuels soient filmés, avec la menace de les diffuser ; une contrainte à la prostitution en lui imposer d’autres partenaires.

Les viols conjugaux sont largement invisibilisés en raison de l’idée reçue selon laquelle les hommes ont physiologiquement besoin d’avoir des rapports sexuels plus régulièrement qu’une femme mais aussi en raison du fait que les rapports sexuels seraient de l’ordre du « devoir conjugal ». Les femmes vont alors se contraindre à avoir des rapports sexuels afin de calmer les tensions de leur conjoint, ou penser qu’elles ont un problème dans leur sexualité et culpabiliser de ne pas réussir à le satisfaire, au risque qu’il aille voir une autre femme.

Des conséquences physiques et psychologiques très graves découlent de la violence sexuelle. Celle-ci est difficilement « prouvable » aux yeux de la loi, ce qui participe de sa minoration.

La violence économique a pour objectif de rendre la femme dépendante afin de la priver d’une autonomie financière et de l’empêcher de pouvoir partir. Cette violence peut se mettre en place de différentes manières selon la situation de la femme. Si elle travaille, le conjoint peut s’arranger pour qu’elle paie toutes les factures du foyer et, parfois, lui faire payer ses propres dettes en promettant de la rembourser. Ou alors, il cherchera à avoir accès à ses comptes bancaires dans le but de « mieux gérer » les ressources du ménage, prétextant qu’elle ne sait pas le faire. Cela peut aussi conduire à lui confisquer sa carte bancaire, la faire changer de travail, ou l’inciter à arrêter de travailler pour qu’elle puisse s’occuper des enfants tout en lui promettant de subvenir à ses besoins. Lorsque la femme n’a pas de ressources propres, le conjoint peut ne pas lui donner accès librement à l’argent du ménage, ou seulement une somme restreinte pour les achats du quotidien, sans subvenir aux besoins des enfants, et exiger des comptes pour le moindre achat réalisé afin de lui rappeler que ce n’est pas son argent et qu’elle a déjà de la chance qu’il lui en donne. Ce processus se met progressivement en place. Nous reviendrons dessus lorsque nous aborderons le cycle des violences et le mécanisme d’emprise.

La violence administrative consiste à confisquer les documents importants de sa compagne et de ses enfants comme les papiers d’identité, le permis de conduire, la carte vitale, le titre de séjour, etc. L’objectif est de l’empêcher de pouvoir entreprendre des démarches seule – et donc de quitter le domicile. Elle concerne souvent les femmes d’origine étrangère puisque lorsqu’une femme arrive sur le territoire français via son conjoint, elle est liée à lui par la carte de séjour « vie privée et familiale ». Le conjoint sait que sa compagne pourra difficilement le quitter de peur d’être alors « illégitime » sur le territoire. Bien souvent, elle ne pourra pas retourner dans son pays d’origine soit par manque de moyens financiers soit car dans certaines cultures la séparation est mal perçue voire non tolérée. Le conjoint peut aussi décider de ne pas se rendre aux rendez-vous à la préfecture pour faire échouer le renouvellement de la carte de séjour de sa compagne. Néanmoins, il est possible d’obtenir cette carte de séjour dans le cas d’une rupture de la vie commune en raison de violences conjugales. Mais les démarches peuvent être laborieuses et généralement les femmes ignorent cette possibilité et comment y accéder. Elles sont d’autant plus isolées qu’elles ignorent souvent comment fonctionne la loi en France et comment faire valoir leurs droits.

Maid illustre une partie des violences décrites ici : au travers des souvenirs d’Alex, on observe que les violences verbales, psychologiques, administratives et économiques étaient présentes dès le début de sa relation avec Sean. Lors de leur rencontre, alors qu’Alex doit partir à l’Université à la rentrée et que Sean a pour projet de partir voyager à vélo, elle tombe enceinte. Lorsqu’elle lui annonce la grossesse et son désir d’avortement, Sean balance toutes ses affaires dehors, sous la pluie, et lui hurle qu’elle n’est rien d’autre qu’une « sale pute » (violences verbales avec intimidations physiques), qu’à cause d’elle il ne pourra pas faire pas son tour du monde, qu’elle va gâcher sa vie et qu’il ne lui pardonnera jamais (violences psychologiques : intimidations, responsabilisation, culpabilisation). La série nous montre la suite de la scène que l’on voit du point de vue d’Alex : Sean est hors de lui, physiquement intimidant puisque proche et au-dessus d’elle au moment de lui hurler des propos rabaissant et humiliants : « T’as quoi dans le crane salope ? A quoi tu pensais putain, t’as réfléchi deux secondes ? ». Elle évoque que c’est depuis ce jour elle a peur de lui. La prise en charge d’Alex dans le foyer d’urgence où elle est accueillie lui permet de prendre progressivement conscience des premières violences. Le fait de pouvoir parler de celles-ci avec des professionnelles ainsi qu’avec Danielle, une autre femme du foyer, participent de sa prise de conscience. La notion de peur est souvent un bon indicateur des violences infligées par le conjoint car elle témoigne d’une recherche de domination et du contrôle qui est déjà installé au sein du couple. Dans un couple sans violences, il n’y a pas de peur de l’autre. La série nous montre qu’Alex n’a pas eu recours à une IVG – Maddy a deux ans – et qu’elle a renoncé à ses études. Elle ne travaille pas et n’a donc pas de ressources financières, ce qui la rend dépendante de Sean sur le plan économique. De plus, on comprend qu’elle n’a plus de carte bancaire car Sean a pris possession de son compte bancaire suite à un impayé (violence économique), n’a plus ses papiers d’identité (violence administrative) et est socialement isolée puisqu’elle ne voit plus que les amis de Sean. Lors d’un passage où elle vient chercher Maddy et confirme son désir de le quitter, il s’énerve et la menace : « je paie les factures, tu traînes avec mes potes, tu habites chez moi, tu bois ma bière et tu manges ma nourriture, tu vis à mes crochets […] je me suis déchiré pour toi, si tu passes cette porte plus personne ne t’aidera ! ».

La mise en place du cycle de la violence

L’installation de la domination est subtile, elle se met en place de manière insidieuse. Au début de la relation, il n’y a pas de violences. L’attachement de l’un envers l’autre a le temps de s’instaurer et la séduction exercée par l’homme peut répondre aux attentes et besoins de la conjointe. Souvent, les femmes évoquent un début de relation très intense. Une fois la relation installée, les premiers signes annonciateurs de violence apparaissent. Au départ, cela se manifeste par une progressive restriction de l’indépendance de la femme, sous couvert d’un « trop plein d’amour », de jalousie, d’envie d’être sans cesse avec l’autre. La compagne va percevoir ces attitudes comme un fort attachement et c’est ce que le conjoint veut lui faire croire.

Pour décrire l’enracinement des violences, on utilise le modèle du cycle de la violence. Cet enchaînement d’étapes : tension, agression, justification et réconciliation se répète et vient renforcer le contrôle du conjoint sur sa compagne chaque fois davantage. Les cycles sont de plus en plus rapprochés et de plus en plus violents. Au fur et à mesure, la femme augmente sa tolérance à la violence, c’est-à-dire que les premières violences deviennent « banales » et le conjoint peut donc augmenter leur intensité progressivement. Cela peut donner l’impression qu’elle « accepte » des violences qui de l’extérieur paraissent inacceptables. Dans Maid, Alex rencontre Danielle, aussi victime de violences conjugales, qui lui explique ce phénomène. Elle illustre en lui disant : « tu crois qu’au début c’était comme ça, que le premier soir il a dit genre : toi, je vais t’étrangler un jour ? Ça [la violence] s’installe comme de la moisissure ».

Lors de l’état de tension, il n’y a pas de violence franche mais le climat se tend du côté du conjoint. Il peut avoir des accès de colère, être menaçant, intimidant, ne plus s’adresser à sa compagne, etc. Cela créé de l’anxiété chez la victime qui est inquiète, fait attention à ce qu’elle dit ou fait, tente de faire baisser la tension en étant attentive à son conjoint. Vient alors le moment de l’agression où le conjoint explose : il a recours à de la violence, peu importe de quel type. La victime est en détresse, triste, honteuse, humiliée… et impuissante. Puis, le conjoint justifie son comportement, rejette la faute sur des éléments externes ou sur sa compagne, nie sa responsabilité, c’est l’étape de la justification. La victime essaie alors de comprendre la situation et peut même se sentir responsable et douter de ses propres perceptions pour finir par se sentir coupable. Enfin, vient le moment de la réconciliation aussi appelée la « lune de miel » : l’agresseur cherche à se faire pardonner, demande de l’aide, peut envisager une thérapie, peut se positionner en victime et promettre que cela ne se reproduira plus de peur de la perdre. Cela créé chez la compagne une illusion d’un changement possible. En parallèle, ça la rassure sur les sentiments de son conjoint et la pousse à lui donner une seconde chance. Généralement, à cette étape, les femmes victimes de violences conjugales pensent retrouver leur conjoint tel qu’il était au début de leur relation ; celui dont elles sont tombées amoureuses. Souvent le conjoint promet de faire des efforts et en retour demande aussi à sa compagne de faire attention à ne plus faire telle chose afin que sa colère ne se reproduise plus. A ce moment-là, la victime est tellement apaisée d’avoir retrouvé le calme qu’un nouveau comportement d’adaptation se mettre en place. Elle va alors se conformer à son conjoint à mesure que les cycles vont se répéter, sans se rendre compte que son propre fonctionnement va évoluer pour s’écarter de ce qu’il était au début de la relation. C’est seulement lorsqu’elle sortira des violences qu’elle constatera ne plus être la même personne qu’avant la relation sans comprendre, dans un premier temps, comment elle a pu tolérer tout cela.

Je me souviens d’une femme que j’accompagnais qui me racontait que le climat à la maison était plutôt calme le soir et que les enfants ne subissaient pas les violences de son conjoint. En échangeant sur le sujet et en déconstruisant ensemble son vécu, elle se rendit compte qu’avec les années elle avait mis en place des stratégies pour éviter les violences et notamment pris l’habitude que tout le monde soit couché très – trop – tôt. Une menace planait sur les enfants et elle-même, quelque chose de l’ordre de : « papa va rentrer il faut que vous soyez couchés ». Lors de nos échanges, elle réalisa l’impact du comportement de monsieur sur toute l’organisation de la famille et que les enfants n’étaient pas épargnés par la violence de leur père comme elle le pensait.

Généralement, avec le temps, les deux dernières étapes du cycle de la violence n’ont plus lieu, c’est-à-dire que la domination et l’emprise sont tellement installées qu’il n’y a plus nécessité pour le conjoint de se justifier et d’essayer de reconquérir sa femme, sauf en cas de perte du contrôle. C’est parfois après le départ de la compagne, que le conjoint remet en place les comportements de justification et de réconciliation afin de recouvrer son emprise. Les femmes partent principalement car elles veulent que les violences s’arrêtent et non pas parce qu’elles ne sont plus attachées au conjoint. Donc lorsque qu’un conjoint tente de reconquérir sa compagne en lui promettant du changement, celle-ci peut avoir envie d’y croire. C’est un des obstacles au départ dont je parlerai plus loin.

Il y a deux périodes à risque de passage à l’acte violent ou d’aggravation des violences à prendre en compte : la grossesse et la séparation. Lors d’une grossesse, la femme centre son attention sur le futur bébé et l’attention de l’entourage est davantage tournée vers elle, ce qui peut être mal vécu par le conjoint. De plus, un tiers – l’enfant – va venir déséquilibrer le couple, ce qui peut pousser le conjoint à renforcer sa domination sur sa compagne qui est davantage vulnérable durant cette période. L’autre moment critique est celui du départ : le risque de passage à l’acte violent peut aller jusqu’au féminicide. En effet, le conjoint perd le contrôle sur sa compagne et cela lui est insupportable. Rappelons que le féminicide est un crime et non pas un geste d’amour, de désespoir ou un crime passionnel comme cela a été longtemps nommé, notamment dans les médias, pour minimiser la violence patriarcale. Le féminicide est l’ultime moyen de maintenir sa compagne ou ex-compagne sous son contrôle, elle est l’objet sur lequel l’homme pense avoir le droit de vie ou de mort.

Tentatives et obstacles au départ

Sans aller jusqu’au féminicide, il est clair que les tentatives de départ sont un moment crucial où le conjoint mobilise des moyens différents pour exercer sa violence et son contrôle.

Une séparation pour un couple sans violences est déjà une étape généralement compliquée et qui amène beaucoup de changements, même lorsque c’est une décision commune. Cette étape est infiniment plus complexe pour une femme qui a vécu des années avec un conjoint ayant exercé sur elle son contrôle, l’ayant potentiellement isolée socialement, rendue dépendante financièrement et épuisée après des années de perte de confiance en soi, de brouillard mental et d’adaptation pour éviter la violence. Peut-on vraiment juger ces femmes en se demandant : « Pourquoi elles restent ? » ou : « Pourquoi elles retournent avec lui ? ».

Les obstacles au départ peuvent être nombreux. En premier lieu, il y a l’espoir que l’autre change véritablement un jour et que cette sombre période n’était qu’une phase. L’envie de maintenir une illusion d’unité familiale et ne pas vouloir séparer les enfants de leur père est un autre frein, tout comme la peur du regard des autres, ou de ne pas être comprise surtout si l’entourage n’a pas connaissance des violences. La crainte de ne pas réussir à vivre seule est aussi une raison de rester : quitter son conjoint et le domicile, c’est quitter quelque chose de connu pour aller vers de l’inconnu, ce qui peut être anxiogène. D’autant plus lorsqu’une femme a été rabaissée par son conjoint qui lui a fait intégrer qu’elle était incapable d’être autonome. La peur des représailles est aussi souvent présente : une victime de violence conjugale a conscience du contrôle que son conjoint a sur elle et des conséquences qui l’attendent si elles s’échappent, que ce soit pour elle ou pour ses enfants. L’absence de ressources familiales, sociales et financières complexifient d’autant un départ. Pour beaucoup de victimes, s’il n’y a pas d’accompagnement social et financier, cela est impossible de partir. Un départ peut impliquer d’être hébergée dans des logements d’urgence sociale, parfois à l’hôtel pour quelques nuits puis dans des logements provisoires comme pour Alex et sa fille dans Maid. Elles se confrontent alors à un dilemme : être chez soi, avoir à manger et subir des violences ou bien être dans l’inconnu et l’inconfort hantée par la crainte d’être à la rue.

Toutes ces raisons – non exhaustives – sont des obstacles au départ et parfois des raisons d’un retour au domicile. La victime peut faire des allers et retours avant de partir définitivement. On compte en moyenne six à sept départs avant celui qui sera définitif. Un retour à domicile permet d’aller vérifier si le conjoint a changé ou non, vérifier que la situation n’est vraiment plus supportable, trouver des solutions d’hébergements plus acceptables et de l’aide de professionnels adaptés (social, psychologique et juridique) ainsi qu’expérimenter ses ressources personnelles et ses capacités d’autonomie. Partir, c’est aussi comprendre ce qu’on a vécu. Parfois, c’est intolérable et ça amène ce que l’on appelle des reviviscences, des cauchemars et de l’hypervigilance qui est moins présente en présence de l’agresseur car des mécanismes de défense et de protection psychique se mettent en place.

Dans la série Maid, Alex décide de quitter Sean. Elle se retrouve alors sans ressources, sans travail, avec le devoir de s’occuper de Maddy seule. Ses amis sont les amis de Sean et viennent interférer dans sa décision tandis que sa famille est complètement défaillante. Alex n’est pas un cas isolé mais plutôt une illustration assez réaliste d’un départ dans une situation de violences conjugales. Le lendemain de son départ, elle trouve un travail et se résout à laisser Maddy en garde à sa mère. Cette dernière appelle Sean qui la récupère alors, et lorsque Alex vient la chercher le soir, après sa journée de travail, Sean lui renvoie la responsabilité de la situation : « tu me fais vraiment flipper là, tu disparais au milieu de la nuit, tu laisses ma fille en danger avec une personne complètement barjot, sérieux, t’es sure que ça va ? ». Il multiplie les reproches et pointe son étonnement quant au fait qu’elle ait laissé Maddy à sa mère tout en la faisant culpabiliser car personne ne savait où elle était. Lorsqu’elle lui dit qu’elle travaille, il lui renvoie la responsabilité de Maddy : « comment tu vas faire pour travailler et t’occuper de Maddy ? ». Malgré ses tentatives pour la décourager et la faire culpabiliser, Alex tient bon et trouve des solutions : un logement, un travail et un moyen de garde convenable pour Maddy. Plus tard, lors de l’anniversaire de Maddy, Sean réussit à mettre en échec sa solution de logement en s’alcoolisant massivement et en dégradant le lieu où elle est hébergée. Alex se retrouve alors à la rue, avant qu’un ami – un ancien camarade du lycée – lui propose de venir s’installer chez lui. Cet ami, Sean en est profondément « jaloux » (car il menace son emprise sur Alex) et souhaite mettre en échec leur relation. Par la suite, d’autres événements mèneront Alex et Maddy à retourner chez Sean, ce dernier se montrant soutenant dans les épreuves qu’elle traverse (phase de séduction) et le cycle des violences se remet alors en place. On voit Alex dépérir et Sean reprendre le contrôle : il rend la voiture d’Alex que son ami lui avait prêté sous prétexte qu’elle n’en a plus besoin, l’empêchant alors de pouvoir continuer à travailler. Elle se retrouve alors à garder Maddy tous les jours et est à nouveau isolée sans contact avec l’extérieur. C’est suite à un autre épisode de violences de la part de Sean, lors duquel Maddy va se cacher dans un placard pour se protéger qu’Alex décide à nouveau de partir. Contrairement à la première fois, elle a conscience de la violence de Sean et des conséquences pour elle et sa fille, elle connaît le foyer pour femmes victimes de violences et a une personne à qui faire appel pour l’aider à partir. Cela rend donc le départ plus efficient que la première fois.

Lorsqu’il y a une forte ambivalence quant à un départ, les enfants vont être un levier permettant d’acter un départ du domicile. Les enfants, témoins de la violence au sein du couple, sont considérés aujourd’hui comme victimes eux aussi des violences conjugales. En effet, soit ils assistent directement aux scènes de violences soit ils ressentent le climat de tension et le mal-être de leur mère. Ils peuvent alors manifester de la tristesse, de l’anxiété, se sentir insécurisés et développer un stress post-traumatique. Dans certains cas, les enfants peuvent se sentir responsables de la violence de leur père et chercher à réparer en voulant protéger ou aider le parent victime. Aussi, l’enfant peut considérer que ce qu’il vit est normal et alors banaliser la violence. Il est important de leur expliquer que ce n’est pas adapté, nommer que le comportement de leur père est anormal, que cela est interdit par la loi. Selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, 89 % des affaires signalées pour violences conjugales concernent des femmes avec enfants. Avoir des enfants est un déclencheur du départ lorsque la mère a pris conscience de l’impact que la violence avait sur eux.

Et après le départ ?

On parle toujours de violences conjugales même après la séparation car les agresseurs vont agir par d’autres biais. Cela peut passer par du harcèlement téléphonique ou physique, se présenter chez elle ou au domicile où elle est hébergée, vider le compte commun, ne pas donner accès à des documents conjoints, faire des pressions sur la famille ou les amis, la faire passer pour folle, etc. Une femme que j’accompagnais me racontait que même des années après la séparation, elle savait que son ex-conjoint la suivait dans la rue ; elle l’apercevait sur le parking de son travail ou le voyait passer devant chez elle. Un dépôt de plainte permet de signaler les violences passées et actuelles, ce qui met parfois un terme aux violences si l’agresseur est condamné. Mais bien souvent, le dépôt de plainte est une étape compliquée pour beaucoup de femmes. D’une part, elles ont peur des représailles et notre système actuel ne permet pas de protéger toutes les femmes de manière efficiente. D’autre part, on sait que 8 plaintes sur 10 aboutissent actuellement à un classement sans suite, généralement par manque de preuves. Cela n’encourage malheureusement pas beaucoup à déposer plainte. Rappelons que selon les chiffres donnés par le collectif NousToutes, au 6 décembre 2024, 128 féminicides ont eu lieu (136 sur l’année 2023) dont 90 féminicides par un conjoint ou ex-conjoint. Pour une majorité des victimes, elles avaient déposé plainte.

Il existe quelques dispositifs de protection comme le téléphone grand danger qui permet l’intervention rapide des forces de l’ordre en géolocalisant la victime. Le bracelet anti-rapprochement, quant à lui, informe la victime et les forces de l’ordre lorsque l’auteur est à proximité. Mais ces dispositifs restent trop peu nombreux et notre système judiciaire manque cruellement de moyens pour protéger les femmes.

Lorsqu’il y a des enfants, le conjoint peut les instrumentaliser afin de maintenir son emprise sur la victime. Aussi, le système de garde est un moyen de faire pression et d’interférer dans la vie de l’autre. C’est pour cette raison qu’il est important de mettre un tiers – la loi/la justice – afin d’imposer un cadre. Il est déconseillé dans le contexte de violences conjugales d’avoir recours à des décisions à l’amiable pour statuer de la garde des enfants car le conjoint s’en servira pour obtenir ce qu’il souhaite sans se préoccuper de ce qui est protecteur pour la victime et les enfants.

Pendant longtemps, il était admis qu’un mari violent pouvait être pour autant un bon père. Mais, un parent fonctionnant dans un registre de domination et de violence peut-il fondamentalement être un bon père ? Communément, perdure l’idée qu’il est important que les enfants continuent à être en contact avec leur père et qu’il serait injuste de rompre les liens. Les mères ne veulent alors pas « priver leurs enfants de leur père » et elles culpabilisent d’être à l’origine de cette rupture de lien. Mais le père-agresseur en est le seul responsable, c’est son fonctionnement qui a conduit sa compagne à partir avec les enfants.

Dans la série, après le premier départ d’Alex, Sean saisit la justice concernant la garde de Maddy. Lors de l’audience il est reproché à Alex d’être partie la nuit avec leur fille sans tenir informé Sean de l’endroit où elles se trouvaient. La série se déroule aux États-Unis, le fonctionnement judiciaire n’est pas le même qu’en France mais cela met en évidence l’importance d’être accompagné dans ces démarches juridiques afin que la situation ne se retourne pas contre la victime. En France, lors d’un départ il est indispensable de déposer une main courante afin de prévenir que le départ se fait dans le cadre de violences conjugales. Par la suite, la femme devra prouver ce qu’elle vit et les conséquences pour les enfants, ce qui est souvent difficile et d’autant plus lorsque la prise de conscience de l’étendue des violences n’est pas encore totale.

Certains conjoints vont demander – et obtenir – la garde exclusive ou partagée des enfants car c’est un moyen d’atteindre leur ex-compagne et non un réel désir de s’occuper des enfants. Dans Maid, il n’est pas rare que Sean s’occupe peu ou pas de son enfant, la confiant à un membre de sa famille, sa propre mère ou parfois sa nouvelle compagne. Lors d’une scène, Alex voit Sean au bar et quand elle lui demande où est Maddy, il lui répond qu’elle est avec sa mère. Alex ne comprend pas : « Pourquoi tu veux l’éloigner de moi si c’est pas pour être avec elle ? ». On voit bien ici le désir de Sean de poursuivre la violence et de réaffirmer domination sur sa victime. Lors de son deuxième départ, Alex est cette fois accompagnée par une avocate spécialisée dans les violences conjugales qui demande la garde exclusive de Maddy et une ordonnance de protection empêchant Sean d’être en contact avec Alex. L’ordonnance de protection peut être demandée sans qu’il y ait eu de dépôt de plainte. Dans certains rares cas, le conjoint peut être contraint de quitter le domicile afin d’éviter que le reste de la famille se retrouve sans logement. Concernant la garde des enfants, plusieurs mesures peuvent être prises selon la dangerosité et l’impact des violences. La mère peut obtenir la garde exclusive et le père avoir des droits de visites restreints ou encadrés. Lorsque c’est une garde plus classique (partagée, un week-end sur deux…) le conjoint peut profiter des moments où il récupère son enfant pour impacter son ex-compagne, en étant en retard, parfois en ne rendant pas l’enfant à temps ou à l’inverse en ne venant pas le chercher comme prévu, etc. La femme, parfois encore sous son emprise, peut s’adapter à lui ou, simplement épuisée, changer son programme pour être disponible pour ses enfants. Avoir recours à la justice est à nouveau possible mais cela nécessite encore des démarches administratives, du stress, des risques de passages à l’acte de l’auteur, ce qui conduit généralement les femmes déjà épuisées à ne pas s’y engager.

Conclusion

Dans la série Maid, l’histoire se finit « bien », Alex obtient une nouvelle bourse pour ses études et Sean accepte qu’elle parte avec Maddy. Il arrive que ça s’apaise comme pour elles, que l’ex-conjoint cesse de vouloir maintenir son emprise sur son ex-compagne (parce qu’il a trouvé une autre victime ?) mais les conséquences sont importantes et le constat reste le même : les femmes sont victimes car elles sont femmes. Les violences conjugales sont des violences patriarcales où les hommes mettent en place un rapport de domination détruisant la liberté des femmes et de leurs enfants. Notre société et le manque de moyens de la justice, maintiennent les hommes dans une posture de toute puissance et une hiérarchie des genres qui, chaque année, détruit de nombreuses vies.


Précédent Suivant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Cancel Laisser un commentaire