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L’impasse Viktorovitch : une rhétorique creuse pour une crise béante
Star de l’analyse politique sur les réseaux, Clément Viktorovitch entend s’imposer dans le débat intellectuel. Sous des airs de pamphlet anti-Macron, son livre Logocratie recycle un vieux fantasme centriste : celui d’une démocratie harmonieuse et rationnelle, subitement trahie par des démagogues venus fausser les règles du jeu.
Par Evan Welkin Publié in #POSITIONS, #SNIPER le 17 novembre 2025 21 min de lecture
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L’impasse Viktorovitch : une rhétorique creuse pour une crise béante

Star de l’analyse politique sur les réseaux, Clément Viktorovitch entend s’imposer dans le débat intellectuel. Sous des airs de pamphlet anti-Macron, son livre Logocratie recycle un vieux fantasme centriste : celui d’une démocratie harmonieuse et rationnelle, subitement trahie par des démagogues venus fausser les règles du jeu.

L’histoire commence en 2016 lorsque Donald Trump remporte la présidentielle américaine. Les médias du monde sont saisis d’effroi : aucun d’entre-eux n’est capable d’expliquer cette victoire inattendue, ils brodent alors le concept de “Post-Vérité”[1]. Nous serions entrés dans une ère où les citoyens ne chercheraient plus à faire la différence entre le vrai et le faux dans leurs choix politiques. Aucune excuse pour les électeurs !  Les journalistes leur avaient mâché le travail, eux qui avaient démonté chaque mensonge, dénoncé chaque outrance, exposé le moindre scandale …  Mais rien n’y fait, l’Oncle Sam confie les clés du pays au bonimenteur de l’immobilier et ce en connaissance de cause. Même chose en Grande-Bretagne avec le Brexit, et au Brésil avec Bolsonaro. Avec la Post-Vérité, l’appareil médiatique tenait d’un coup l’alibi parfait : un miroir tendu au peuple, lui renvoyant sa propre image comme responsable unique du désastre. Plus besoin d’interroger la casse sociale, l’austérité ou le mépris de classe, la faute logeait dans les cerveaux manipulés des citoyens.

Neuf ans après ce mythe fondateur, Clément Viktorovitch reprend le flambeau.  A force de mensonges, la post-vérité nous aurait d’ores et déjà fait sortir de l’orbite démocratique :  nous vivrions désormais en « Logocratie », une manière de gouverner où “les dirigeants utilisent la parole officielle pour entraver la capacité du peuple à se forger un jugement éclairé”. Rien de vraiment nouveau, il s’agit au fond d’une déclinaison pratique de la Post-Vérité, à une originalité près : celle d’étendre le concept au-delà des leaders d’extrême droite pour l’appliquer à la communication d’Emmanuel Macron.

Le mythe d’un “tournant macroniste”

Évitons d’entrée tout mauvais procès : Viktorovitch ne dit pas que Macron a inventé le mensonge en politique, mais plutôt que celui-ci l’a rendu systématique. Avant 2017, nous dit-il, le mensonge était vu comme particulièrement infamant et tout dirigeant pris la main dans le sac s’exposait à une punition en règle, citant les affaires Cahuzac et Bokassa qui ont coûté à l’un sa carrière, à l’autre sa réélection.

Contrairement à ses prédécesseurs, Macron et son entourage mentiraient de manière assumée, décomplexée, au point de nier la réalité même en présence d’éléments accablants sans jamais avoir à en payer le prix politique. L’auteur déroule alors une litanie d’exemples : Bayrou qui nie malgré toutes les évidences avoir été au courant des agressions à Bétharram, Darmanin qui couvre les violences policières, Sibeth Ndiaye qui dément la pénurie des masques en pleine crise de la Covid…

Il convient de sérieusement relativiser la nouveauté de ces manipulations. Si les mensonges de Macron nous paraissent si frappants, c’est avant tout parce qu’ils sont récents. Il suffit de gratter un peu la mémoire politique pour retrouver, bien avant 2017, des exemples tout aussi saisissants. Pensons au mythe du résistancialisme gaulliste d’une France qui dès le premier jour de l’occupation se serait levée comme un seul homme contre l’occupant — un récit d’État, dont nul homme sortant des ruines de la Seconde Guerre ne pouvait ignorer l’imposture. Ou alors aux mensonges gouvernementaux autour du massacre de Charonne, quand la police accusera tour à tour des émeutiers puis des membres de l’OAS déguisés en policiers, le tout malgré des centaines de témoins.

Alors soit ces mensonges d’une gravité au moins comparable n’étaient pas suffisants pour caractériser une dérive vers la “logocratie” (il faudrait alors en expliciter les critères), soit Viktorovitch ne s’est même pas donné la peine d’examiner sérieusement les formes antérieures du mensonge d’Etat d’avant l’ère de la Post-Vérité. En procédant ainsi il cède à un présentisme qui efface les continuités historiques des falsifications du pouvoir pour ne laisser qu’un seul coupable ; le dernier en date : Macron.

De manière générale, le maître-rhétoricien montre une fâcheuse tendance à blanchir les gouvernements passés pour mieux charger sa cible du jour. Exemple lorsqu’il accuse Jean Michel Blanquer et Frédérique Vidal – alors ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur – d’avoir été les premiers à utiliser leur position gouvernementale pour faire rentrer le concept d’ “islamo-gauchisme” dans le débat public à une période où son usage restait confiné aux colonnes des journaux réactionnaires. C’est oublier que le concept avait déjà été satellisé sous le quinquennat socialiste en 2016, avec comme ambassadeur un certain Manuel Valls, fortement influencé en cela par les thèses du Printemps Républicain[2].

Macron face aux hommes-grenouilles

Pour celui qui fut – incroyable mais vrai – un temps chroniqueur sur CNews[3], l’idée d’exceptionnalité de la rhétorique macroniste est cruciale car elle est le socle de son récit : celui d’une nouvelle forme de pouvoir fondé sur la manipulation par le langage, la logocratie.

Emmanuel Macron emploierait des techniques de manipulation inédites, capables d’empêcher l’opinion de se forger un avis éclairé sur ses décisions. Il pointe l’usage abusif du répertoire tenant au pragmatisme, au bon sens, et autres évidences pratiques, autant de registres dépolitisants qui permettent d’imposer aux citoyens des choix idéologiques comme s’ils allaient de soi. A cela s’ajoute le désormais célèbre “en même temps” macroniste qui rassemble en conciliant des idées contraires, et le recours aux “concepteurs-mobilisateurs”, ces mots consensuels (progrès, liberté, égalité) qui ont le bon goût d’être suffisamment flous pour que chacun y projette ses propres attentes. Résultat ? “Les électeurs, tout en sachant pour qui ils votaient étaient tenus dans l’incapacité de savoir pour quoi ils votaient” (p 164).

Un peu comme ces grenouilles plongées dans une casserole que l’on chauffe lentement, les citoyens, exposés aux discours macroniens, auraient fini engourdis, incapables de réagir ou même de relier les politiques qu’ils subissent à ceux qui les ont décidées. À ce niveau, ce n’est plus de la rhétorique, c’est de l’hypnose. N’est-ce pas d’ailleurs ce que sous-entend Viktorovitch quand il parle de “sortilège” de la Post-Vérité qui rendrait à elle seule possible les pires dérives ? (p.148). C’est une vision hyper-déterministe du langage que nous propose ici Viktorovitch. Elle rejoint l’idée que nous ne pourrions penser que ce que notre langue nous permet de penser, une théorie connue en linguistique sous le nom d’hypothèse Sapir-Whorf, largement discréditée depuis les années 1970[4].  

Une illustration stupéfiante nous est livrée lorsque l’auteur attribue la réussite du pouvoir à imposer des lois liberticides à une seule figure de style, l’anticatastase – le nom chic en rhétorique pour désigner un renversement de sens. Ainsi, si la loi dite “anticasseurs” de 2019 a pu être adoptée, ce ne serait pas en raison d’un passage en force autoritaire, mais simplement parce que le gouvernement l’aurait présentée frauduleusement une loi visant à “protéger” la liberté de manifester, ce qui aurait suffi pour court-circuiter les velléités d’opposition de la population. Viktorovitch l’écrit noir sur blanc : “ces remises en causes inédites [des libertés] n’ont été rendues possibles que par un discours se permettant de nier les yeux dans les yeux une réalité visible de tous” (p. 169).

Cette interprétation est pour le moins déroutante quand on se souvient que cette loi de 2019 reprend largement un texte similaire voté en 1970, visiblement, le gouvernement de l’époque n’avait pas eu besoin de telles acrobaties rhétoriques pour arriver à ses fins.

On pourrait s’attendre à ce qu’un procédé censé permettre à ses utilisateurs d’imposer leur pouvoir sans résistance livre des résultats politiques spectaculaires. Or, si piège logocrate il y a, il semble pour le moins bancal à mesure que le président enchaîne les revers électoraux et voit sa base sociale rétrécit à vue d’œil. Tout porte à penser que les seuls jugements que les discours de Macron sont parvenus à influencer…  sont ceux qui se retournent contre lui.

L’effacement des rapports de classe

La lecture de Viktorovitch, qui reprend à son compte l’éthique de la discussion de Jürgen Habermas, relève d’un idéalisme profond. La société y est conçue comme un agrégat d’individus libres, animés par l’intérêt général et capables, par le seul débat rationnel, de parvenir à une solution optimale, le tout sans conflits d’intérêts ni rapports de domination. Il suffirait dès lors de mettre en place les bonnes institutions et d’encourager les bonnes pratiques de discussion pour que le dialogue se déroule proprement et que la vérité s’impose, à l’abri des passions et rapports de force[5].

Étrange paradoxe, car dans l’idéal qu’il revendique, le rhétoricien professionnel aurait tout du fauteur de trouble et se retrouverait rapidement contraint au chômage technique.

En rhétorique, on appelle ça une contradiction performative[6].

Son autre référence tutélaire, Pierre Rosanvallon – cité à treize reprises – est lui aussi emblématique de ces théoriciens des “bonnes intentions” dont la spécialité consiste à formuler des grands principes dont la noblesse rivalise avec l’abstraction[7] : le gouvernement doit agir pour le bien commun, présenter avec honnêteté et transparence son action, se retenir de tout usage abusif des moyens légaux à sa disposition …  et pourquoi pas, tant qu’on y est, aider mamie à traverser la rue[8].

Pour Viktorovitch, c’est bien parce que Macron ne répond pas à ces règles de bienséance qu’il est critiquable et dangereux pour la démocratie, parce qu’il est l’ennemi d’une valeur absolue : la vérité. Dans Logocratie, pas de remise en cause des choix économiques et sociaux du locataire de l’Elysée, tout se joue dans la forme.

Or si la vérité est bel et bien la clé du pouvoir en démocratie et qu’elle est maniée par ceux qui gouvernent, peut-on réellement la dissocier des politiques qu’ils mènent pour la réduire à une simple vérification des faits – à la façon des fact-checkeurs ?  Dans sa deuxième thèse sur Feuerbach, Marx rappelait que la recherche de vérité ne pouvait être qu’une affaire pratique, pertinente uniquement dans sa capacité à transformer les conditions d’existence[9].

Autrement dit, ce n’est pas l’immoralité d’un Macron avide de pouvoir personnel qu’il faut interroger, mais la logique matérielle qui rend ses actes – en l’occurrence ses attaques sur les libertés – nécessaires à la mise en œuvre de son projet politique, qui comme tout projet politique, vise la transformation des conditions de vie.

Contrairement à ce que semble penser Viktorovitch, les pratiques du pouvoir ne forment pas un circuit séparé du reste du monde : la sphère politique dépend de la sphère économique, aussi quand les élites organisent l’érosion de leur propre régime démocratique, ce n’est pas par pur plaisir du contrôle, mais pour rendre possibles des transformations économiques qui ne pourraient pas passer dans l’état actuel des contre-pouvoirs.

Quoique Macron dise, sa parole sert toujours les intérêts matériels de la classe qu’il défend : ceux de la bourgeoisie et de ses alliés du moment. La distinction entre le vrai et le faux importe peu tant que le discours remplit sa fonction : propager l’idéologie de cette classe, c’est-à-dire le système d’opinions qui fait passer ses intérêts particuliers pour l’intérêt général. Là où l’idée de logocratie voudrait nous faire croire que le pouvoir repose avant tout sur une manipulation du langage, il faut rappeler que le discours ne gouverne pas par lui-même mais sert à légitimer des rapports de domination déjà existants, rapports que Viktorovitch ne mentionnent jamais.

La traque du mensonge n’est pertinente que lorsqu’elle met au jour les contradictions de l’idéologie bourgeoise. C’est en dévoilant les rapports de domination dissimulés derrière ses énoncés que l’on peut dissiper la fausse conscience qu’ils répandent, ce mécanisme qui pousse les dominés à consentir à l’ordre social qui les subordonne.

A ce jeu-là, Macron ne fait pas vraiment dans l’originalité quand il affirme qu’il faut travailler plus longtemps parce qu’on vit plus longtemps – négligeant les énormes écarts d’espérance de vie en bonne santé entre classes sociales – ou lorsqu’il prône une baisse d’impôt pour les “classes moyennes” dont les bénéficiaires finaux seront en réalité les plus hauts revenus, au prix d’un définancement aggravé des services publics qui, eux, profitent au grand nombre. La logocratie serait-elle donc aussi vieille que le capitalisme ?  Même ici, on voit bien que ce n’est pas tant une loupe rhétorique désincarnée qu’une lecture politique, voire, disons le tout haut, militante, qui est nécessaire.

Macron, avatar transparent de la lutte des classes

La vie politique n’est pas un duel entre le vrai et le faux mais un lieu d’affrontement entre des classes sociales, affrontement qui, ces dernières décennies, a pris pour arène la question de la poursuite ou non du dogme néolibéral. Car Emmanuel Macron est loin d’être “le marcheur sans destination” qui aurait charmé les foules par la seule force de sa verve, comme nous le suggère Viktorovitch. Dès 2017, l’adhésion de l’ancien banquier d’affaires au libéralisme économique était parfaitement explicite et identifiée par les électeurs. Rappelons que son programme annonçait entre autres mesures 60 milliards d’euros de coupes budgétaires, la retraite à points et une nette diminution des cotisations sociales.

La structure de l’électorat macroniste de cette année apporte la preuve d’une adhésion idéologique claire. Selon l’enquête Fractures Françaises 2017, 69 % de ses sympathisants estimaient que la France évoluait vers trop d’assistanat et la moitié considérait qu’il fallait limiter au maximum le rôle de l’Etat dans l’économie française. A titre de comparaison, ces proportions n’atteignaient que 40 % et 26 % chez les partisans d’un Parti Socialiste encore sous direction hollandiste[10]. C’était aussi de très loin l’électorat chez lequel le sentiment d’avoir connu une ascension sociale était le plus élevé[11].

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que le langage a accompagné le projet de société de celui qui déclarait fièrement à un ouvrier qu’il suffisait de travailler pour s’acheter un costard et qui exhortait les jeunes à avoir envie de devenir milliardaires.[12]

C’est donc sans surprise que les catégories sociales appelées à bénéficier d’une telle orientation se sont ralliées à lui en pleine connaissance de cause. L’apôtre de la start-up nation fut plébiscité par les cadres, un tiers s’exprimant pour lui, soit presque deux fois plus que pour le candidat de la droite traditionnelle, François Fillon. A l’inverse, il a été logiquement boudé par les ouvriers et employés (12% et 15%), les deux catégories les plus exposées au démantèlement annoncé de l’Etat Social[13].  Ici, pas de manipulation ni de mirage rhétorique : seulement des agents de classe qui votent pour ce qu’ils perçoivent comme leurs intérêts.

Un an à l’Elysée et une suppression de l’ISF plus tard, le constat devient plus accablant encore, 70 % des français classent le Président à droite, contre seulement 9 % à gauche[14]. Plus de doute possible : les citoyens ont compris ce qu’était le phénomène Macron. Loin d’être des spectateurs passifs et manipulés, ils réactualisent le positionnement du président à mesure que ses politiques affectent leurs conditions de vie – ils le montreront avec éclat avec le mouvement des Gilets jaunes. Que dire, enfin, de la présidentielle de 2022, où le vote Macron fut décrit comme le plus bourgeois de l’histoire[15].

Bref, il est clair qu’aucun effet de manche n’a réussi à faire oublier le contenu des programmes et les conséquences concrètes des décisions macroniennes, à savoir la dégradation des conditions d’existence du salariat au profit des gains du capital.

Les spasmes d’un ordre à l’agonie 

En contradiction complète avec l’idée de logocratie, Macron n’agit pas dans l’impunité du mensonge, chacune de ses offensives est contestée, chaque provocation crée l’indignation, chaque mouvement social qui émerge ébranle son pouvoir. Là où les promoteurs du tout-marché réussissaient encore à susciter un certain niveau d’enthousiasme dans les décennies 1990 et 2000, le stade de pénurie généralisé que traverse le capitalisme fait qu’ils se heurtent aujourd’hui à un peuple devenu hostile[16]. Seul le passage en force subsiste pour continuer à imposer la continuation du cycle néolibéral.  Les attaques menées contre les libertés et les contre-pouvoirs ne sont pas des dérives accidentelles, mais les conditions politiques nécessaires à la survie d’un système qui ne convainc plus assez pour maintenir les masses à la maison.

Il en va de même pour le terme infamant d’islamo-gauchisme qui ne saurait être réduit à une “notion fourre-tout où chacun projette ses peurs sur un groupe non clairement défini” (p. 104).  Il ne s’agit pas d’un mensonge ambigu mais d’un projet politique déterminé et bien compris par ceux qui épousent le terme :  celui du pacte racial comme solution acceptable à la crise du néolibéralisme. En réduisant les musulmans au rang de bouc-émissaires et en délégitimant leurs soutiens, il offre des gains matériels modestes mais immédiats – à travers des dispositifs comme la préférence nationale – à la majorité blanche, qui se dispense ainsi d’un affrontement plus coûteux et incertain contre la structure capitaliste[17].

Conclusion

Loin d’être un outil analytique utile, le concept de Logocratie nous plonge dans un monde d’illusions, où le peuple serait voué à demeurer le captif des ruses de ses gouvernants et où les rapports de force seraient dissous dans la syntaxe. Sous son couvercle, la lutte politique perd tout sujet collectif, elle devient un face-à-face entre manipulateurs et manipulés. L’émancipation ne dépend dès lors plus des positions sociales et des mobilisations mais des compétences oratoires. Et qui d’autre qu’un technicien du verbe, qu’un prodige de l’éloquence pour tendre la main au peuple confus, percer le brouillard qui pèse sur le débat public, et le guider vers la lumière démocratique ? Il fallait bien un docteur en rhétorique pour inventer une maladie du langage et proposer aussitôt sa propre ordonnance.


[1] Pour une remise en cause du concept, voir Farkas, J., & Schou, J. (2023). Post-truth, fake news and democracy: Mapping the politics of falsehood. Routledge.

[2] L’INA est revenu sur la trajectoire médiatique du concept d’“islamo-gauchisme” https://larevuedesmedias.ina.fr/islamo-gauchisme-carriere-mediatique

[3] C’était dans l’émission L’Heure des pros, sur CNews, entre 2016 et 2018.

[4] De façon contre-intuitive, l’hypothèse Sapir-Whorf recouvre en réalité deux approches opposées au sein du relativisme linguistique : celle d’Edward Sapir et celle de Benjamin Lee Whorf, beaucoup plus ésotérique. Si les deux attribuent à la langue un rôle dans la formation de la pensée, seul le deuxième considère qu’elle détermine entièrement une vision du monde. La remarque quant à son discrédit ne porte que sur cette déclinaison extrême, que Clément Viktorovitch semble ici reprendre. Pour une discussion plus approfondie, voir : https://htl.cnrs.fr/le-saviez-vous-13/

[5] Habermas, J. (2023). Espace public et démocratie délibérative : un tournant. Gallimard.

[6] Une contradiction performative est une affirmation qui n’est pas contradictoire par elle-même, mais qui entre en contradiction avec le fait que quelqu’un ait pu l’énoncer.

[7] Les titres de ses ouvrages ont de quoi laisser rêveur : “Les institutions invisibles”, “les épreuves de la vie”, “Le bon gouvernement”, on attend avec impatience “la Démocratie des câlins” …

[8] Pour une critique plus en profondeur de la pensée de Rosanvallon, voir : https://www.monde-diplomatique.fr/2020/05/MOUFFE/61778

[9] Marx, K. (2024). Theses on feuerbach (Vol. 3). Minerva Heritage Press.

[10] L’édition 2017 de l’enquête Fractures Françaises fut réalisée début fin juin, juste après les élections législatives, il faudra attendre avril 2018 pour voir un début de repositionnement au Parti Socialiste avec l’arrivée d’Olivier Faure au rang de premier secrétaire

[11]Lehingue, P. (2019). « Le vote Macron : un vote de classe qui s’ignore comme tel ?. in L’entreprise Macron (pp. 139-155). Presses universitaires de Grenoble.

[12]Wikipédia dispose d’une page entière dédiée ces petites phrases provocantes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Macronade

[13]Sondage IFOP “Le profil des électeurs et les clefs du premier tour de l’élection présidentielle” : https://www.ifop.com/article/le-profil-des-electeurs-et-les-clefs-du-premier-tour-de-lelection-presidentielle/

[14]Sondage Ipsos “Bilan d’un an de présidence d’Emmanuel Macron” : https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2018-05/publication_rapport_bilan_macron_cevipof_fjj_lemonde_mai2018_vdef.pdf

[15]Cagé, J., Piketty, T., & Chavagneux, C. (2023). Le vote Macron est le plus bourgeois de l’histoire de France. Alternatives Économiques, 439(10), 26-41.

[16] Sur le sujet de l’état de pénurie organisé par le néolibéralisme, voir : https://positions-revue.fr/editorial-penurie-detat-etat-de-penurie/

[17]Sur la question de la tentation du pacte racial dans l’électorat RN, voir : https://positions-revue.fr/il-faut-sinterroger-sur-les-mutations-recentes-du-capitalisme-qui-participent-a-la-solidification-de-lextreme-droite/


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