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« C'est d'un changement radical dont nous avons besoin. », entretien avec François Boulo
François Boulo, avocat au barreau de Reims, devient lors du mouvement des Gilets jaunes l’une des principales figures médiatiques. Le 3 octobre 2019 est sorti son manifeste La ligne jaune aux éditions Indigènes. Nous l’avons interviewé pour établir un panorama de la situation politique actuelle et à venir.
Par N. Publié in #2 L’Ère des Révolutions, #ENTRETIENS le 18 mars 2020 21 min de lecture
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François Boulo, avocat au barreau de Rouen, devient lors du mouvement des Gilets jaunes l’une des principales figures médiatiques. Le 3 octobre 2019 est sorti son manifeste La ligne jaune aux éditions Indigènes. Nous l’avons interviewé pour établir un panorama de la situation politique actuelle et à venir.

Macron a tout pris aux gens. En plus d’abaisser leur niveau de vie, par exemple avec la réduction des APL, il leur a volé leur dignité. Une partie des Français n’a même plus le droit au respect.

Positions : La situation politique actuelle est explosive. Du mouvement des Gilets jaunes à celui des retraites, la France est scindée depuis 1 an et demi par des mouvements sociaux. Comment expliquer cela ? Comment expliquer une accélération des formes contestatrices ces dernières années après pas loin de 20 ans de ronronnement social depuis les grèves de 1995 ?

François Boulo : Je crois que l’on peut partir de l’analyse d’Emmanuel Todd dans son dernier ouvrage, Les luttes de classes en France au XIXe siècle : à savoir que les règles de l’Union européenne consacrées par le traité de Maastricht en 1992- l’instauration de l’euro et la libre circulation des capitaux, des marchandises et des personnes – ont conduit à déposséder les Etats nations des éléments de souveraineté essentiels en matière de politique économique. Les règles de l’UE ne sont pas adaptées aux Etats et contribuent à creuser les inégalités entre les 1 % les plus riches et les 99 % restants. Nous avons eu un double point de rupture en 2008. Le premier est démocratique et s’est manifesté lors de la ratification en France du traité de Lisbonne en 2008 validant la Constitution européenne pourtant rejetée par le référendum de 2005 (Nldr : à 55 %). Cet événement démontre que la volonté du peuple n’est pas écoutée et respectée par les gouvernants. Le deuxième point de rupture est constitué par de la crise des subprimes lorsque les Etats ont sauvé les banques en faisant payer aux contribuables l’épongement de leurs dettes alors même qu’elles étaient responsables de ce désastre financier. Depuis 2008, on a une situation économique qui s’est considérablement dégradée, en particulier au sein de l’Union européenne. La Grèce est le pays qui a le plus souffert des suites de la crise financière, mais à l’échelle de la France tout le monde a été frappé par la baisse du niveau de vie, à l’exception des 1 % les plus riches. Le contexte global a fait monter le mécontentement et c’est particulièrement observable aux niveaux des votes lors des dernières élections. Entre ceux qui votent pour une continuité (PS, les Républicains, Centristes) et ceux qui votent pour une rupture (RN, LFI, Communistes), nous avons vu une progression très importante – de 35 à 50 % entre 2012 et 2017 – en faveur du second camp. Pour la première fois, en 2017, nous nous sommes retrouvés avec deux France coupées en deux à parts égales. Macron a été élu dans ce contexte-là par une France extrêmement divisée, notamment en termes de classes sociales. Or, il a été plus loin que Sarkozy et Hollande dans les politiques inégalitaires. Si ses prédécesseurs menaient une politique en faveur des 10-15 % les plus riches, lui s’est focalisé sur les 1 %. À la violence économique, il a ajouté la violence symbolique incarnée dans son mépris, son arrogance à l’endroit de « ceux qui ne sont rien ». Il a tout pris aux gens. En plus d’abaisser leur niveau de vie, par exemple avec la réduction des APL, il leur a volé leur dignité. Une partie des Français n’a même plus le droit au respect.

Pour la première fois, en 2017, nous nous sommes retrouvés avec deux France coupées en deux à parts égales. Macron a été élu dans ce contexte-là par une France extrêmement divisée, notamment en termes de classes sociales.

Positions :  En tant qu’acteur de premier plan des Gilets jaunes, comment analyses-tu le passage d’un mouvement pré-insurrectionnel en décembre 2018, à une sorte de ritualisation de la contestation sociale tous les samedis – nous en sommes rendus à l’acte 69 (Ndlr : au moment de l’entretien) ?

François Boulo : Il y a deux grandes raisons. La première tient à la durée du mouvement qui donne beaucoup d’indications sur la détermination des gens, sur la colère profonde du pays. Mais, d’un autre côté, plus le mouvement dure, plus gens sont fatigués. Il n’est pas possible de tenir sur la durée une mobilisation au niveau phénoménal qui a été atteint en novembre-décembre 2018. La seule journée qui a pu s’approcher de ce seuil d’intensité, c’est celle du 16 mars 2019. La seconde raison tient à la réponse répressive de l’Etat qui a été d’une violence inouïe à travers la police et la justice. Des consignes ont été données aux policiers pour réprimer le plus durement possible les Gilets jaunes, et ce dans une impunité totale de la part des gouvernants qui n’ont jamais condamné publiquement ces violences, et de la part de la justice aux ordres qui n’a jamais fait son travail[1]. Le meilleur exemple est celui de Nice avec l’affaire Geneviève Legay. Le procureur a reconnu publiquement avoir menti pour protéger Emmanuel Macron. Aux violences policières se sont ajoutées des violences psychologiques. Les forces de l’ordre ont délogé les ronds-points, casser les cabanes afin de rendre impossible les rassemblements. A cela s’est ajoutée une répression financière délirante par les multiples verbalisations à l’encontre de ceux qui portaient la couleur jaune… Nous avons même vu le 14 juillet les forces de l’ordre crever des ballons gonflables parce qu’ils étaient jaunes. Cette couleur est devenue insupportable pour le pouvoir. Phénomène d’usure psychologique et répression d’Etat, ce sont pour moi les deux grandes raisons expliquant la décrue progressive du mouvement.

Positions : Quels liens effectues-tu entre le mouvement Gilets jaunes et celui sur les retraites qui a un caractère bien plus massif numériquement ?

François Boulo : C’est surtout au niveau des modes d’action que l’on peut effectuer un lien. Incontestablement, les Gilets jaunes ont inspiré des milieux militants plus traditionnels. Dans le combat contre la réforme des retraites, on retrouve évidemment des militants syndicalistes engagés depuis des années. Mais nous avons vu des évolutions lors de certaines actions coup de poing comme lors de l’envahissement de sièges sociaux.

Positions : Pourtant, nous n’avons pas vu de manifestations devant les lieux de pouvoir, où les lieux de consommation de la bourgeoisie. Nous sommes retournés à des manifestations plus traditionnelles, avec les traditionnels parcours entre République et Nation. A quoi cela tient-il ? Ne faut-il pas aussi interroger la composante sociologique du mouvement contre la réforme des retraites qui n’est pas la même que celle des Gilets jaunes ?

François Boulo : Il y a deux choses. La première, il faut admettre que pour ce qui est de l’organisation des manifestations, ce sont les syndicats nationaux qui gèrent. Nous sommes donc revenus à des parcours plus traditionnels. Ensuite, dans le mouvement des retraites, nous retrouvons des milieux sociaux moins précaires : enseignants, avocats, pompiers… Soient des gens bénéficiant de revenus en moyenne supérieurs à ceux des Gilets jaunes. L’institut Montaigne établissait que les revenus moyens des gilets jaunes sur les ronds-points étaient de 1000 € par mois, tandis qu’ils étaient de l’ordre de 1400 € pour les manifestants du samedi. Il me semble que ceux des manifestants contre la réforme des retraites étaient supérieurs.

Positions : Comment expliquer que les classes sociales qui se sont largement mobilisées pour les réformes des retraites, à savoir les Cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) et les professions intermédiaires, ne se soient pas ou peu mobilisées dans le mouvement des Gilets jaunes ?

François Boulo : Si je pars de l’analyse par rapport à ma profession, c’est très clair : c’est le mépris de classe. La plupart de mes confrères se pensent CPIS, au-dessus des Gilets jaunes qui s’apparentent pour eux à la « plèbe » ou aux « gueux » et auxquels ils ne voulaient pas se mélanger. Au sein du mouvement, on entendait de nombreuses personnes qui disaient ne pas réussir à finir leurs fins de mois – et les médias ont tout fait pour concentrer le discours là-dessus, or ce discours a mis à distance tous ceux qui ne se sentaient pas concernés par une telle situation et qui pouvaient se sentir illégitimes à rejoindre le mouvement des Gilets jaunes. A mon sens, c’est l’un des impacts du traitement médiatique que d’avoir cantonné ce mouvement aux gens modestes afin d’interdire aux classes moyennes et supérieures de le rejoindre et de se sentir concernées. Néanmoins, il ne faut pas nier que tout une partie de la population n’était pas prête à contester Macron, notamment parce qu’au sein de ces classes, certains avaient voté pour lui. Malgré la réforme des retraites qui préjudicie aux intérêts du plus grand nombre, il y a toujours des Français qui ne sentent pas prêts à remettre en cause Macron. Je le constate notamment chez les avocats qui pour bon nombre d’entre eux, lorsqu’ils manifestent contre cette réforme, scandent « Belloubet démission » alors que chacun sait que la réforme vient de Macron…

Positions : Penses-tu que la « convergence des luttes » réclamée par de multiples groupes et médias alternatifs, soit possible et souhaitable dans la mesure où cela nécessiterait d’unir des classes sociales aussi différentes que divergentes dans leur conscience et leurs intérêts ? Et si oui, comment réaliser cette union ?

François Boulo : Pour arriver à une véritable convergence des luttes, il faut accéder à une véritable conscience politique. Or, c’est ce qui fait encore défaut aujourd’hui à la société française. Il y a toute une partie de la population qui est ignorante, dépolitisée, et qui saisit mal la dynamique néolibérale qui est à l’œuvre. C’est ce qui explique que tout le monde soit replié sur ses intérêts personnels ou ceux de sa corporation sans réussir à saisir la logique globale qui est à l’œuvre, qui atteint tout le monde, et qui participe de l’abaissement du niveau de vie de 99 % des Français.

Positions : Le dernier ouvrage d’Emmanuel Todd a démontré l’extrême volatilité de l’électorat de la classe intermédiaire et des employés, oscillant entre l’extrême gauche et l’extrême droite. Le vote te semble-t-il représenter une voie possible de sortie du système capitaliste dont le néolibéralisme n’est que l’idéologie actuelle ?

François Boulo : Je suis assez prudent sur l’utilisation du le terme de capitalisme. Tout dépend comment on le définit. Est-ce l’abolition totale de la propriété privée, ou des moyens de production ? N’est-ce pas le libéralisme que l’on vise ? Tout le monde utilise ce mot sans lui attribuer le même sens.

Positions : Entendons le capitalisme comme un système économique fondé sur la propriété privée des moyens de production et d’échange et poursuivant l’augmentation infinie du taux de profit. Ceci exigeant de tout adapter à cet objectif, tant au niveau du droit, que des mentalités et des comportements.

François Boulo : Mon opinion est réservée sur la sortie du capitalisme, il me semble que cette question est prématurée en l’état. Le récent débat entre Frédéric Lordon et Thomas Piketty sur le sujet était très instructif :  Piketty envisage une démocratisation du fonctionnement de l’entreprise par une modification des droits de vote – il utilise les termes de « propriété sociale » et « cogestion des entreprises » -, mais comme lui répond Lordon, et je partage son avis, cette piste se heurte en système capitaliste à la nécessaire avance des fonds consentie par l’actionnaire pour créer une activité économique. Si celui qui investit sait qu’il ne sera pas majoritaire dans les prises de décision, il n’aura aucun intérêt à apporter la mise de fonds. Sortir du capitalisme, c’est donc opérer une révolution du système de propriété des moyens de production en adoptant par exemple la théorie de la propriété d’usage de Bernard Friot. Mais comme Piketty, je doute qu’un tel modèle soit adapté aux petites unités de production. C’est pourquoi plutôt que de trancher la question de la sortie ou non du capitalisme, il faudrait déjà réussir à soumettre le marché à la loi, l’économie à la règle politique. Pour en revenir au vote, je pense que le système électoral laisse peu d’espace pour un changement de modèle économique qui ne servirait plus seulement les intérêts des plus riches : 9 milliardaires qui possèdent 90 % des médias, les règles de financement des campagnes électorales profitent aux plus fortunés qui sont les seuls à avoir les moyens d’avancer des fonds aux candidats de leur choix. Incontestablement, il y a beaucoup à redire du processus électoral qui n’est pas intègre. Cependant, le vote est un moyen dont il ne faut pas se priver et qui est peut-être le seul dont nous disposons à court terme. Je n’en vois pas beaucoup d’autres … Si ce n’est une grève générale, avec blocage de l‘économie mais qui n’ouvrirait pas vers un nouveau modèle. Cela peut uniquement permettre de faire une pause dans la course néolibérale qui est engagée. Le dernier chemin qui nous reste, c’est l’insurrection. Mais très franchement, en l’état actuel de la société française, je ne crois absolument pas à une insurrection violente qui renverserait les institutions en place.

Positions : Le mouvement Zapatiste des indiens du Chiapas, qui mène avec succès depuis les années 90 une révolution au Mexique, a exposé à travers la voie du sous-commandant Marcos qu’il fallait réinventer nos catégories de penser ce monde et ce faisant des moyens de lutter contre lui. La voie de sortie de ce système n’existe pas actuellement et reste à construire non pas comme une imitation du passé, mais comme une inspiration. Les zapatistes expliquent que lorsqu’ils ont mené le rapport de force avec l’Etat mexicain, ils n’ont pas attendu que ce dernier leur soit favorable. Il leur était défavorable. Quel pourrait être le rapport de force que nous pourrions engager et qui présenterait une véritable originalité ?

La politique conduite qui contribue à l’abaissement du niveau de vie va produire des contestations et des crises de manière exponentielle, propices au réveil d’un nombre grandissant de citoyens.

François Boulo :  Ce sur quoi il faut agir le plus possible, c’est la conscience politique des individus. Il me semble que nous assistons à une période d’accélération de l’histoire, au sens où nous allons avoir une multiplication des mouvements de contestation. Et chaque lutte, chaque combat, est une opportunité d’élévation du niveau de conscience. Ce qui constitue le plus grand obstacle à cette élévation, c’est l’absence de pluralisme dans le traitement médiatique. Actuellement, l’accès à l’information est totalement asymétrique entre ceux qui s’abreuvent auprès de sources traditionnelles (JT du 20h, chaînes d’informations continues, presse mainstream) et ceux qui font la démarche d’aller rechercher des informations sur des sites spécialisés, hétérodoxes, leur permettant d’avoir une vision plus complète de la réalité. Ce sont les opinions divergentes qui permettent de se forger un avis. Selon moi, l’un des enjeux prioritaires réside dans la réappropriation des médias. Le phénomène est en cours. On observe la réussite de plus en plus nette de médias alternatifs qui sont sur une dynamique de progression. A l’inverse, les médias traditionnels sont en chute libre. La dynamique est enclenchée et ne va faire que s’accentuer car démographiquement, ce sont les populations les plus âgées qui consomment encore ces médias-là quand les générations les plus jeunes s’informent davantage par Internet. Pour moi la question des médias est un levier très important. La politique conduite qui contribue à l’abaissement du niveau de vie va produire des contestations et des crises de manière exponentielle, propices au réveil d’un nombre grandissant de citoyens.

Positions : A ce titre, quelles sont tes inspirations historiques dans lesquelles tu vas puiser de l’inspiration, du courage, de l’espoir et qui ont nourri ta vision du monde ?

C’est d’un changement radical dont nous avons besoin.

François Boulo : Je ne vais pas être original en disant 1789… Ce qu’il y a de plus intéressant dans cet événement, à la lueur de la politique actuelle, c’est le passage d’un monde de droit divin que l’on croyait éternel à la révolution des Lumières et l’instauration de la république et de la démocratie, et au triomphe de l’idée de rationalité dans la politique et de mise à distance des religions. Le parallèle avec notre situation actuelle est frappant. Aujourd’hui, la plupart des gens sont résignés et pensent qu’aucun autre monde n’est possible au-delà de celui que l’on subit, de la société de consommation et de l’individualisme dont nous sommes tous prisonniers. L’idéologie néolibérale paraît indépassable. Ce monde qui semble s’imposer à nous donne de plus en plus l’impression d’une fin de cycle. Les privilèges reconstitués sont chaque jour moins supportables, de même que l’impasse écologique dans laquelle nous nous enfermons. Les grandes luttes sociales de 1936 ou 1968 peuvent aussi nous inspirer, mais je ne pense pas que l’on pourrait aujourd’hui se contenter d’obtenir une sixième semaine de congés payés ou une augmentation de salaire. C’est d’un changement radical dont nous avons besoin.

Positions : Si tu avais un personnage historique à retenir comme source d’inspiration, qui retiendrais-tu ?

François Boulo : De Gaulle évidemment. Je le retiens dans la période parce que quelles que soient les critiques justifiées que l’on peut formuler à son égard, on ne peut pas lui ôter le fait qu’il ait pris ses responsabilités lorsqu’il fallait les prendre et que grâce à lui la France ait pu rejoindre le camp des vainqueurs à l’issu de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi une référence en tant qu’instigateur de la Ve République et c’est un homme politique ayant exercé ses fonctions avec une intégrité que l’on n’a jamais retrouvée chez aucun autre depuis. Lorsque l’on observe son choix en 1969 de quitter le pouvoir parce qu’il est mis en minorité lors d’un référendum, à 48 % seulement, on ne peut qu’être admiratif. Il se faisait une haute idée de la démocratie et de la majorité qui devait exister dans le pays en permanence et pas seulement au moment des élections. Quel contraste avec la classe politique actuelle ! Comme autre source d’inspiration, je pense au Conseil national de la résistance. Dans un moment troublé, nous avons vu certains représentants politiques prendre conscience de la nécessité de dépasser les clivages politiques de l’époque pour se fédérer et sauver la France. Aujourd’hui c’est le même type de raisonnement qui doit être appliqué.

Positions : A défaut d’une révolution, nous avons des élections présidentielles qui approchent en 2022. Comment les analyses-tu ? Envisages-tu un basculement électoral dans un sens ou dans un autre ?

François Boulo : On peut s’amuser à faire une prévision. Bien que l’on nous annonce le duel Macron-Le Pen au deuxième tour, il y a 80 % des gens qui ne veulent pas de cette configuration. Ça laisse un espace gigantesque pour une troisième personne et pour que les Français se ruent dessus afin d’éviter un tel deuxième tour. Aujourd’hui il existe un boulevard idéologique pour prendre de court Macron et Le Pen sur les questions de démocratie, de souveraineté, de répartition des richesses, de transition écologique. Mais d’un autre côté, on sait que le système et les médias feront tout pour empêcher la victoire d’une telle force politique, existante ou nouvelle. En particulier parce que le système médiatique n’est absolument pas prêt à remettre en cause l’appartenance de la France à l’Union européenne et aux traités. Quiconque proposera une rupture avec les traités européens par la désobéissance à certains voire à tous les traités subira un traitement médiatique très hostile. Il n’en demeure pas moins que je doute qu’une victoire soit possible dans le cadre des appareils politiques existants. La gravité du moment commande à chacun de dépasser les appartenances partisanes pour faire triompher les idées essentielles majoritairement partagées par le peuple.


[1] Voir notre entretien avec David Dufresne pour le premier numéro de la revue : https://positions-revue.fr/entretien-avec-david-dufresne/


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